Internet énervé après avoir découvert qu’Emily Ratajkowski a des poils

Emily Ratajkowski dévoile qu’elle est un mammifère comme un autre, doté de poils, et Internet a du mal à l’accepter. Retour sur pourquoi la pilosité féminine, c’est toujours un sujet de discorde.

La pilosité féminine est un sujet de discorde sur Internet. Simple envie de ne plus avoir à penser aux séances d’épilation ou engagement féministe, laisser tomber rasoirs, pince et cire peut valoir une vague de haine plutôt virulente.

Alors quand Emily Ratajkowski, mannequin et actrice américaine aux presque 24 millions d’abonnés sur Instagram décide de poser pour Harper’s Bazaar bras levés et poils apparents, ça ne loupe pas: une partie de sa communauté a du mal à l’accepter.

On se demande bien pourquoi: au final, la pilosité de chacun est un choix personnel. C’est d’ailleurs là dessus que emrata insiste dans l’article qui accompagne ce cliché: « Il n’y a pas de mauvaise réponse, et il n’y a aucun choix qui me rende plus ou moins féministe, ou même une « mauvaise féministe » (…) Tant que la décision est mon choix, alors c’est le bon choix. Fondamentalement, l’identité et la sexualité d’un individu ne concernent personne d’autre que lui-même. »

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La femme, un mammifère comme les autres

Accepter le fait qu’une femme est un mammifère doté de poils semble pourtant être difficile à avaler. Parmi les militantes pour le droit à la pilosité féminine, certaines pointent que le fait d’avoir des poils peut choquer certains, parce qu’on sort de l’infantilisation de la femme et que le poil est habituellement synonyme de virilité chez les hommes.

C’est ce que pointe le compte Instagram belge Le Sens Du Poil, qui recueille des témoignages de femmes qui ont décidé de ne plus s’épiler et la raison pour laquelle elles ont opéré ce choix. Coralie, par exemple, avance qu' »associer la présence de poils à la masculinité/virilité et l’absence de poils à la féminité, c’est s’enfermer dans des codes qui n’ont aucun sens et c’est, de ce fait, exclure de la « vraie féminité » toutes les femmes* qui ont des poils naturellement (vous le sentez le problème de cohérence ?) et de la « vraie masculinité » tous les hommes* qui ont peu/pas de poils. « 

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Il n’y a pas que des militantes qui pointent cette différence de traitement. Interviewée par Les Grenade – RTBF, Jacinthe Mazzochetti, anthropologue à l’UCLouvain, expliquait: « Il y a une forme de domestication du corps de la femme à travers l’épilation. L’injonction à l’épilation est le fruit d’une très longue histoire du patriarcat et du capitalisme. Il existait une représentation de la femme comme un être sauvage, à domestiquer et enlever ses poils à la femme fait partie des instruments qui permettait à l’homme de prendre le pouvoir sur elle. »

Se laisser pousser les poils quand on est une femme, c’est une forme de réappropriation de son corps et une manière de choisir de ne pas se conformer aux critères de beauté actuels mais plutôt à ses envies personnelles.

Une « mauvaise féministe »?

Mais l’autre critique qu’Emily Ratajkowski reçoit, outre les insultes à base de « les poils, c’est sale et moche », c’est la remise en question de son engagement. S’étant faite connaître avec le clip de Robin Thicke Blurred Lines, critiqué pour ses paroles sexistes, tout en exerçant aujourd’hui une carrière intrinsèquement liée au diktat des critères de beauté, certains ne la trouvent pas légitime à poser un tel engagement féministe.

Là aussi, Emily Ratajkowski a répondu via son article et sa story Instagram: « Bien sûr, je suis consciente que la plupart de mes aventures du début où j’ai investigué ce qu’être une femme étaient grandement influencées par une culture misogyne. Allez, je suis même consciente que beaucoup des manières dont je continue d’être « sexy » sont grandement influencées par ma misogynie. Mais ça me fait me sentir bien et c’est mon choix, non? »

Au final, Emily Ratajkowski entretient depuis quelques temps déjà son engagement féministe. Elle a participé à de multiples reprises à des manifestations, notamment contre le jugement de Brett Kavanaugh, et promeut des initiatives féministes régulièrement sur son compte Instagram.

Dans une interview donné au magazine Office en 2018, elle répondait également aux critiques contre son engagement: « Evidemment, je ne pense pas que tous les selfies que je publie sont des œuvres d’art et des déclarations politiques, mais ils peuvent l’être quand je décide de me mêler d’un sujet et je trouve que c’est positif ».

Quoi qu’il en soit, le fait qu’une modèle aussi connue et influente qu’Emily Ratajkowski décide de promouvoir le choix d’avoir ou non des poils pourrait donner envie à d’autres d’accepter la pilosité, qu’il s’agisse des autres ou des siens. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il s’agit avant tout d’un choix personnel, comme elle l’a rappelé à plusieurs reprises.

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