Google vs Genius: quand un site piège le géant du web pour prouver qu’il lui vole son contenu

Google est prêt à tout pour faciliter la vie de ses utilisateurs quitte à réduire le traffic de milliers de site web. C’est par exemple le cas pour les paroles de chansons: elles s’affichent directement sur Google après avoir lancé ta recherche. Le site Rap Genius a donc décidé de piéger Google. Epic win.

Si tu t’intéresses à la musique et aux textes de chansons, tu es forcément déjà passé par le site Rap Genius. Cette véritable mine d’or d’internet est un site où les mélomanes, artistes et administrateurs peuvent publier les paroles de milliers de chansons et y apposer des annotations, interprétations et explications des textes.

Cette plate-forme s’est récemment attaquée au grand Google, le géant des géants du web. Et avec panache. En fait, Genius accuse Google de piller dans son contenu pour offrir rapidement des paroles de morceaux à ses utilisateurs. Tu l’as peut-être remarqué: quand tu lances une recherche de paroles sur Google, le moteur de recherche te propose directement le texte sans avoir besoin de passer par un site web. Et c’est là que commencent les embrouilles.

Message codé

Mais voilà, encore faut-il que Genius parvienne à prouver que Google vole son contenu et réduise ainsi considérablement son traffic. Mais la plate-forme a plus d’un tour dans son sac. Elle a en effet créé un message codé dans les textes publiés sur son site. Ainsi, Genius a utilisé deux types d’apostrophe: «  ’  » ou «  ‘  ».

https://twitter.com/myurow/status/1140250465130754052?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1140250465130754052&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.numerama.com%2Ftech%2F526775-un-site-qui-copie-les-paroles-de-chansons-soffusque-que-google-copie-les-paroles-quil-publie.html

Leur position dans le texte forme alors le message en morse « red-handed » ou « flagrant délit » en français. Prends ça, Google! Difficile pour le géant du web de nier l’évidence: il a clairement pompé le contenu de Genius et tente maintenant de calmer l’affaire en rejetant la faute sur ses partenaires: « Les paroles dans les boîtes d’information sur les pages de recherche de Google sont sous licence, nous ne les générons pas à partir d’autres sites sur le web. Nous enquêtons sur cette question et si nos partenaires de licence de données ne respectent pas les bonnes pratiques, nous mettrons fin à nos accords » a déclaré Google dans un communiqué.

Peine perdue

Ok, c’est super bien joué de la part de Genius qui a réussi à mettre Google dans l’embarras. Cependant, cela ne veut pas dire que le site obtiendra une quelconque compensation. Premièrement parce que Google propose ce service de paroles pour la musique depuis 2014 et que ça n’a dérangé personne jusque maintenant, même si ce service réduit considérablement les revenus publicitaires de tous les sites proposant des paroles et traductions de chansons.

Mais aussi, et surtout, car des sites comme Genius n’ont aucun droit sur les paroles puisqu’elles appartiennent avant tout aux paroliers et aux artistes eux-mêmes. Il faudrait donc que les avocats de Genius soient particulièrement balèzes, genre tout droit sortis de la série Suits pour parvenir à faire plier Google. Il faudrait tout simplement réussir à prouver que les textes publiés sur le site appartiennent à Genius. Bonne chance. Surtout que, le service proposé par Google n’inclut pas toutes les annotations que laissent les utilisateurs de Genius, les gens ont donc toujours une bonne raison de se rendre sur le site.

Google tout puissant

Deux choses à retenir de cette histoire: l’image de Google est plutôt facile à écorner et sa manière de gérer son moteur de recherche pose des milliers de questions qui sont actuellement en train d’être étudiées par l’autorité de la concurrence et la commission judiciaire de la Chambre des représentants, aux États-Unis.

Deuxième enseignement: l’influence qu’a Google sur internet est considérable puisqu’en ajoutant une seule petite fonctionnalité, c’est des centaines de sites qui sont touchés directement ou indirectement. En d’autres termes, Google détient au creux de sa main le destin des millions de personnes, qu’ils soient de simples internautes, administrateurs ou créateurs de contenu. Et ça, ce n’est jamais bon.

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