Gérone 2 – Real Madrid 1: l’ultime pied de nez de la Catalogne au pouvoir central de Madrid?

Le foot, miroir de la société. Hier, le petit club de Gérone a triomphé de l’ogre madrilène. Tout un symbole pour cette ville d’où est originaire Carles Puigdemont, le désormais ex-président de la Catalogne. La région est maintenant sous tutelle madrilène, mais certains nourrissent encore un espoir. Sur base du modèle slovène? Pas certain.

« La victoire du Gérone FC sur l’une des plus grandes équipes du monde est un bel exemple et une référence pour beaucoup de situations », voici comment l’ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont, a salué la victoire de Gérone, fief du séparatisme catalan, face au Real Madrid.

Tout un symbole pour un stade qui criait « Independencia » et « Libertat » au début de la rencontre, drapeaux indépendantistes compris. Mais également pour Carles Puigdemont, né à Gérone, et qui risque maintenant jusqu’à 30 ans de prison suite à sa destitution.

Depuis ce weekend, la Catalogne est désormais officiellement sous tutelle espagnole. Des élections doivent d’ailleurs se tenir d’ici fin décembre pour tenter de redistribuer les cartes. À la joie de la déclaration d’indépendance vendredi dernier s’est opposée une foule ce dimanche dans les rues de Barcelone. Entre 300.000 et plus d’un million de personnes ont tenu à défendre le pouvoir central de Madrid.

Encore un espoir?

Et pourtant, est-ce que tout espoir est terminé pour les indépendantistes? Tout porte à croire que oui. Même si certains se seraient bien inspirés du modèle slovène. En 1991, cette république a été la première à organiser un référendum d’indépendance pour se séparer de la Yougoslavie. S’en est suivi un gel de l’indépendance pendant six mois parallèlement à des négociations.

C’est là une des différences avec la situation espagnole. Les négociations étaient au point mort, et ce, depuis le départ. Autre point de divergence: les Slovènes ont voté à seulement 88,2% en faveur de l’indépendance, mais avec une participation de 90,3% des électeurs inscrits, bien plus qu’en Catalogne le 1er septembre. Mais surtout, la constitution yougoslave reconnaissait formellement le droit à l’autodétermination de ses républiques fédérées. Ce qui n’est absolument pas le cas de la constitution espagnole. On notera toutefois que la Slovénie est pour l’instant le seul pays européen qui s’est dit prêt à reconnaître la Catalogne comme république indépendante.

Il y a aussi le modèle kosovar et sa déclaration d’indépendance qui date de 2008. Ici encore, on notera quelques divergences. Outre le fait que l’Union européenne avait joué les intermédiaires (ce qu’elle refuse avec la catalogne), la situation sur place était complètement différente. La répression de la Serbie et la guerre yougoslave ont représenté « un cas exceptionnel » selon les diplomates européens de l’époque. Un « cas exceptionnel » qui n’avait d’ailleurs pas séduit Madrid, qui n’a toujours pas reconnu officiellement Pristina.

Vraiment, l’indépendance catalane est au point mort pour l’instant. Madrid a tenu une position ferme, voire même autoritaire. Si bien que l’on craint des débordements maintenant à Barcelone, avant la tenue de prochaines élections en décembre.

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