Gentil mais pas trop : le Japon a recalé 99% des demandeurs d’asile en 2015

C’est une année record pour le Japon. Le pays a annoncé avoir accepté 27 demandeurs d’asile sur 7.586 demandes. 99% des demandes ont donc été rejetées. Un chiffre qui interpelle dans la crise migratoire que traverse le monde.

Le Japon n’est pas le pays ouvrant le plus ses bras aux migrants, ce n’est pas un euphémisme. Cela s’était déjà vérifié les années précédentes : 6 demandeurs d’asile avaient été accueillis par le pays en 2013, puis 11 en 2014. Les chiffres sont donc en hausse, comme le nombre de demandes. Mais ils restent très éloignés de ceux que l’on rencontre en Europe.

Sur notre continent, ce sont 1.066.210 personnes qui ont demandé l’asile entre octobre 2014 et septembre 2015, soit une augmentation de 70% par rapport à l’année précédente. 1.8 million de réfugiés sont accueillis en Turquie, près d’1.1 million en Allemagne. Au Japon ? On compte 2.419 réfugiés, sur 127,3 millions d’habitants.

Le Japon assume

Sauf chance exceptionnelle, ce ne sera pas au Japon que les réfugiés trouveront une vie meilleure. Une politique migratoire que le pays nippon assume totalement, malgré les critiques des défenseurs des droits de l’homme. Shinzo Abe, le premier ministre japonais, s’était justifié en septembre dernier devant l’ONU à ce sujet.

« C’est une question de démographie. Je dirais que, avant d’accepter des immigrants ou des réfugiés, nous avons besoin de plus d’activités pour les femmes, les personnes âgées et nous devons élever notre taux de natalité. Il y a beaucoup de choses que nous devrions faire avant d’accepter des immigrants », avait-il déclaré.

EPA

L’argent pour se racheter une image

Le manque d’infrastructures ou l’absence de communautés d’accueil dans un pays comptant seulement 2% d’étrangers sont autant de raisons qui poussent le Japon à fermer ses frontières. Le pays tente de se racheter une image d’une autre façon. Avec l’argent. Le Japon est ainsi le deuxième contributeur au budget du Haut Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR) derrière les États-Unis.

En octobre dernier, le Japon a signé un chèque d’1,56 milliard de dollars pour les réfugiés de Syrie et d’Irak. Une partie était destinée à l’assistance d’urgence pour les personnes ayant dû quitter ces pays, l’autre pour le maintien de la paix au Moyen-Orient et en Afrique. Aidons les réfugiés, mais loin de chez nous s’il-vous-plaît.

Un comportement critiqué par l’association japonaise des réfugiés : « Nous espérons que le Japon aura des discussions avec le HCR et envisagera des mesures visant à se conformer aux standards internationaux pour l’accueil des réfugiés. »

En attendant, les 6 Afghans, les 3 Éthiopiens et les 3 Sri Lankais faisant partie des réfugiés acceptés au Japon et dont les nationalités ont été communiquées peuvent s’estimer très chanceux : le Japon leur a ouvert ses portes et c’est presque un miracle.

Source : Le Monde, Libération

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