Fusillade de Dallas: le déploiement d’un robot-tueur est une première dans l’histoire des Etats-Unis

Micah Xavier Johnson, le tireur présumé de la fusillade de Dallas, a finalement été tué par le déploiement d’un robot à explosifs après plusieurs heures de négociation et d’échanges de tirs. Selon le chef de la police locale, toute autre option aurait été trop dangereuse pour ses équipes d’intervention.

Toute autre option qu’une explosion télécommandée pour neutraliser Micah Johnson « aurait fait courir un grand danger aux policiers », a expliqué le chef de la police de Dallas, David Brown. Du coup, après des heures de négociation et d’échange de tirs, la police a envoyé un robot muni d’un explosif pour neutraliser le suspect. Mais cette pratique qui est amenée à se généraliser pose quand même quelques questions…

« Dans une guerre le but est de tuer, mais dans un Etat de droit, c’est autre chose », avertit Rick Nelson du Centre d’études stratégiques et internationales. Il fait pourtant remarquer aujourd’hui dans le New York Times que l’usage de robots pourrait se généraliser lorsque que la vie d’un agent de police serait menacée.

Une première

Le choix d’envoyer un robot télécommandé est une première aux Etats-Unis. Le chef de police n’a pas donné plus de précisions sur l’engin utilisé mais il devrait s’agir d’un robot de type Nothrop Grumman Andros, selon plusieurs médias américains. C’est en fait un robot conçu pour l’armée et les services de déminage dont l’usage a été détourné au profit de la police. Selon Peter Singer, de la Fondation New America, qui réagit sur Twitter, « c’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police. » Ce spécialiste des méthodes modernes de combat a précisé qu’un appareil baptisé Marcbot « a été employé de la même façon ad hoc par les troupes en Irak. »

Néanmoins, son usage civil comporte un flou juridique, même si de nombreux juristes ne voient aucun obstacle au déploiement de ce type de matériel. La police de New-York a par ailleurs fait savoir qu’elle désirait avoir elle aussi accès à ce genre d’équipement.

Ce soudain attrait pour des robots ne date pas d’hier mais pose quand même quelques questions: quelle aurait été la responsabilité de la police de Dallas en cas d’incendie ou d’écroulement du bâtiment? Est-ce que la légitime défense serait toujours applicable dans d’autres cas? Et puis, il s’agit là d’une méthode quand même radicale qui ne permet plus aux enquêteurs de récolter la moindre information.

Robocop

Du coup, de nombreux militants en faveur des droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme. Ils déconseillent l’usage de ce matériel lourd qui efface la frontière entre le soldat et le policier. D’autres, au contraire, face à la menace terroriste et à la violence croissante aux Etats-Unis, exigent des nouveaux moyens et différentes tactiques pour faire face à ces nouveaux défis.

De là à voir arriver Robocop, il n’y a qu’un pas que l’organisation internationale Human Rights Clinic, franchit: Ces engins « ne seraient pas dotés de qualités humaines suffisantes, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d’éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues », écrivaient-elles dans un rapport en 2014.

Sources: New York Times, AFP

Une vidéo amateur témoigne de la détresse des policiers au moment de la fusillade

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