Il n’y a jamais eu autant d’électeurs démocrates dans le New Hampshire et jamais un candidat n’a gagné avec une telle différence. Bernie Sanders a battu Hillary Clinton, pourtant favorite, avec 60% contre 38%. La question est de savoir si cela représente l’apogée de la campagne de Bernie ou bien s’il peut encore rivaliser avec Clinton à d’autres endroits. Ce qui est certain, c’est que l’échec n’a pas été facile à encaisser pour la favorite.
Depuis plusieurs semaines, les sondages annonçaient la perte de Clinton. Mais de cette manière, personne ne l’avait prévue. Bernie Sanders a surpris ses amis et ses ennemis avec une très bonne prestation dans le New Hampshire, où il a obtenu plus de 100.000 votes, soit 60% des voix des démocrates. Cette victoire représente un beau tremplin, après une précédente bonne prestation dans l’Iowa.
La victoire de Bernie est assez frappante: il a reçu de nombreux votes de personnes qui n’ont jamais voté. D’ailleurs, les démocrates ont connu un record de participation. De plus, ce sont surtout des « indépendants », des électeurs qui ne sont pas enregistrés comme démocrates, qui ont voté pour Sanders. Un autre coup de pouce pour lui.
Une foule en délire a obtenu ce qu’elle attendait de Sanders: un triomphant discours de victoire. « Il y a neuf mois, nous commencions notre campagne ici, dans le New Hampshire. Nous n’avions pas d’organisation, pas d’argent et nous étions face à la plus puissante machine politique des États-Unis. Et ce soir, dans ce qui semble être un gigantesque record de participation, nous avons gagné, ici. Parce que nous avons l’énergie, l’enthousiasme dont les démocrates auront besoin en novembre. »
L’argent coule maintenant à flots pour Sanders
« Les gens du New Hampshire ont envoyé un message clair au monde politique, au monde économique et, de ce fait aussi, au monde médiatique », comme le dit Sanders. « Et ce message est très clair: il est évident que l’énorme crise économique que notre pays a traversée est de trop pour le same-old, same-old establishment politics. Les gens veulent un réel changement. »
Sanders a un grand avantage dans sa campagne: il reçoit énormément d’argent de petit donateurs. Déjà plus de trois millions de personnes lui ont donné de l’argent, à savoir 27 dollars en moyenne. Une moyenne qu’il aime beaucoup rappeler et il y a de fortes chances qu’elle se mette à augmenter. Parce qu’après sa victoire face à Clinton, beaucoup de personnes vont croire qu’il peut vraiment gagner les élections.
Pour Sanders, c’est maintenant que se joue le véritable test: le caucus dans le Nevada et ensuite les pré-élections en Caroline du Sud. Dans le Nevada, beaucoup de Latinos vont voter et dans le Sud, ce sont principalement des Noirs. Mais Sanders n’a, pour l’instant, pas encore fait ses preuves auprès des minorités, là où Clinton est beaucoup plus forte. Mais le leader de la campagne de Sanders, Jeff Weaver, s’est montré optimiste sur la chaîne américaine CNN: « Toujours plus de personnes venant des minorités viennent nous soutenir. Notre thème sur le pauvreté fonctionne de plus en plus, ils comprennent que nous discutons de leurs thèmes. Cette campagne plaît aux gens, et pas aux grands noms. »
L’échec du clan Clinton
À présent, Clinton doit se poser une série de questions dont: comment se fait-il que la perte soit si grande? Ça sent le déjà-vu de 2008, quand la gigantesque machine Clinton ne savait pas comment contrer l’enthousiasme et la force de Barack Obama.
Et les chiffres ne mentent pas. Clinton a perdu sur tous les fronts: hommes, femmes et surtout les électeurs indépendants. À peine trente minutes après la fermeture des bureaux de votes, elle a prononcé son discours, sans même attendre les résultats. À juste titre vu qu’il s’est avéré que les résultats n’ont surpris personne.
Le clan Clinton compte désormais sur le vote des Noirs. Historiquement, Clinton a ses chances dans les communautés afro-américaines mais, même en 2008 face à Obama, cela n’a pas suffit. Alors Sanders, cet homme blanc de 70 ans, peut-il véritablement parler aux afro-américains? Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que ça soit un succès. Clinton veut évoquer des thèmes difficiles comme le racisme, le droit de vote et surtout les armes. En matière de gun rights, Sanders n’est pas très bon. Il n’a jamais pris l’initiative d’en parler alors que c’est un thème sensible pour les Noirs.
Dans son discours, Clinton a directement parlé des droits de l’homme et de comment mettre un terme à la discrimination. « Si les gens n’ont pas la même égalité des chances, partout en Amérique, nous devons agir. Nous devons surpasser les barrières. »