Face au terrorisme, les Français vont devoir s’habituer à vivre avec l’État d’urgence

Décrété après les attentats du 13 novembre à Paris, l’État d’urgence devrait être prolongé en France. Le premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande l’ont confirmé, même si cette mesure d’exception est contestée.

La France est toujours en guerre contre Daech et ne peut pas baisser sa garde. Voilà le message délivré par Manuel Valls. Interrogé sur la BBC sur l’État d’urgence décrété après les attentats, le premier ministre français a fait polémique en déclarant que cette mesure devait être maintenue « jusqu’à ce que nous puissions nous débarrasser de Daech ». Plus mesuré dans ses propos, le président François Hollande a confirmé qu’il allait demander la prolongation de l’État d’urgence, qui doit se finir le 26 février.

Résultat contrasté

L’État d’urgence a été prononcé en France après les attentats du 13 novembre à Paris. Cette situation exceptionnelle, prononcée six fois dans l’histoire française depuis 1955, restreint les libertés et augmente le pouvoir accordé aux autorités civiles. En clair il y a désormais beaucoup plus de policiers déployés, des contrôles des sacs à l’entrée de tous les lieux publics (magasins, cinémas…) et la police peut procéder à des perquisitions sans attendre l’aval de la justice, par exemple.

En deux mois et demi, près de 3.189 perquisitions ont ainsi été menées et 406 personnes ont été assignées à résidence, mais seulement quatre procédure antiterroristes ont été entamées. Le résultat de cette mesure est donc contrasté. Jugée trop sévère et peu efficace, elle est contestée. « L’état d’urgence en vigueur en France et la loi sur la surveillance des communications électroniques imposent des restrictions excessives et disproportionnées sur les libertés fondamentales », ont même souligné cinq rapporteurs de l’ONU spécialistes des Droits de l’homme.

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Réforme de la constitution

Sa prolongation sera pourtant évoquée le 3 février prochain au conseil des ministres. La France pourrait être en État d’urgence pour encore trois mois. Le temps nécessaire à une réforme de la constitution française avec comme objectifs d’inscrire dedans l’État d’urgence et la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme. Deux décisions symboliques, qui ne changeront pas vraiment la vie de nos voisins. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a justifié cette mesure sur France24 :

« L’état d’urgence dans cette période est utile parce qu’il contribue à notre sécurité. Moi je serais plutôt favorable en attendant la réforme constitutionnelle qui permettra au concept d’état d’urgence de trouver une forme différents. Nous sommes toujours en période de risques et de menaces graves. On déjoue des risques et des menaces tous les jours. Il faut se prémunir en permanence. »

Les Français vont donc devoir s’habituer à vivre dans l’État d’urgence. Pour combien de temps ? Personne ne le sait.

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