Est-ce que Poutine a payé le voyage de Dewinter (VB) & Co vers la Grèce et Aube dorée?

Une question demeure sans réponse dans toute l’affaire du voyage de Filip Dewinter et de son équipe du Vlaams Belang en Grèce: qui a payé le voyage? Parce que six personnes ont voyagé mais Filip Dewinter et Anke Van dermeersch restent plutôt vagues sur la question du financement. Il n’est pas impossible qu’il y ait là un lien avec la Russie: des membres du Vlaams Belang ont déjà voyagé vers la Syrie et la Crimée.

Le Vlaams Belang (VB) reçoit rarement autant d’attention des médias, surtout pas de la part de la VRT, entreprise publique. Et voilà que suite au petit voyage du Vlaams Belang en Grèce et sa visite à Aube dorée, Filip Dewinter et Anke Van dermeersch se retrouvent dans « Terzake », une émission d’actualités, et Tom Van Grieken, le président du parti, dans « De Afspraak », un autre grand rendez-vous de la chaîne. En-temps, Gerolf Annemans, l’ancien président du VB, est même intervenu en live depuis Strasbourg.

Ce qu’il y a derrière cette tempête de Vlaams Belang, c’est un conflit interne et profond sur les trips à l’étranger de Dewinter et Van dermeersch. Dewinter et sa délégation sont allés en Grèce, avec Jan Penris, d’Anvers, et Frank Creyelman dans leur sillage. Ce dernier n’était pas là par hasard: c’est lui, l’homme aux « relations internationales » dans la clique de Dewinter.

Le parti avait autorisé le voyage mais le jeune président, Tom Van Grieken, avait interdit à Dewinter & Vo d’aller frayer avec le parti d’extrême-droite Aube dorée, encore plus extrême que le PVV de Geert Wilders ou le FN de Le Pen, avec qui Van Grieken veut bien être vu.

Mais Dewinter y est quand même allé et y a donné un speech. Du coup, Van Grieken ne pouvait rien faire d’autre que réagir et toute l’affaire a explosé: la direction du parti a sanctionné Van dermeersch et Dewinter, qui sont allés en appel contre cette décision. « Une sur-réaction émotionnelle » dit Dewinter, qui blâme « la naïveté et le manque d’expérience » de Van Grieken.

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Déjà des petits voyages vers la Syrie et la Crimée

Les petits voyages de Dewinter et sa clique continuent donc à poser questions. Surtout: qui finance ces expéditions? Il y a pourtant un modèle clair. En mars 2014, ces mêmes Penris et Creyelman sont allés en Crimée, la partie de l’Ukraine qui a été annexée par le président russe, Vladimir Poutine.

Quand Poutine a organisé une sorte de referendum après son opération militaire, Penris et Creyelman se sont précipités en Crimée comme « observateurs internationaux », avec d’autres membres d’organisations d’extrême-droite en Europe, entre autre des Grecs d’Aube dorée. Pas question de mission européenne ici, l’expédition était tout à fait financée par la Russie. Le but était simple, il s’agissait de donner une sorte de légitimité venue d’Europe à l’annexion, entre autres dans les médias russes. La petite visite a eu lieu sans que Gerolf Annemans, le président du VB à ce moment-là, n’approuve. Il n’était donc pas ravi.

Idem en Syrie. À la différence de l’Europe et des États-Unis, Poutine y défend là encore et toujours le dictateur Bashar al-Assad. Et qui s’est retrouvé là-bas en mars 2015? Une délégation européenne avec, à son bord, Filip Dewinter et Anke Van dermeersch, qui allait faire une petite visite amicale à Assad. Cette visite avait aussi fait enrager Van Grieken, qui avait alors succédé à Annemans.

« Des fonds qui sont mis à disposition dans ce but »

Ce qui est frappant, c’est que Dewinter ne veut pas dire qui a payé ce voyage. Dans l’émission Terzake, il a tourné autour du pot. Parce qu’à la question de la journaliste, Kathleen Cools, qui a demandé qui avait financé l’expédition, différentes réponses ont suivi en moins d’une minute: « Ce voyage est payé avec mes propres moyens » a commencé Dewinter. « Ce voyage n’est absolument pas financé avec de l’argent du parti mais par mes propres moyens. »

Et puis non, le trip n’était pas non « sponsorisé par Aube dorée ou par l’organisation qui représente ce parti au Parlement européen ». « L’argent ne vient pas d’eux, ça ne va pas du tout. »

Et puis cette petite phrase sibylline a suivi: « les moyens utilisés viennent de fonds qui sont mis à disposition dans ce but. » Mais à la question de « quels fonds », Dewinter n’a pas voulu répondre: « Là, ça ne vous regarde pas, madame. Nous sommes financés par des gens et des organisations qui trouvent nécessaires d’investir pour cela. Vous ne devez quand même pas être mise au courant de ça? »

Ce ne serait pas la première fois que Poutine finance l’extrême-droite en Europe occidentale. Marine Le Pen peut aussi compter sur de l’argent venu de Russie.

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