Recep Tayyip Erdogan a été visiblement vexé de l’attitude des députés européens qui ont voté pour le gel des négociations dans le cadre de l’adhésion turque à l’UE. Au point qu’il remet en cause l’accord UE-Turquie qui ferme la route de l’Europe aux migrants. Son arme ultime en quelque sorte.
« Écoutez moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s’ouvriront, mettez-vous ça dans la tête », voilà ce qu’à déclaré passablement énervé Recep Tayyip Erdogan ce vendredi lors d’un discours à Istanbul, relate l’AFP.
Il faut dire que le processus d’adhésion turque à l’Union européenne dure depuis plus de 50 ans. C’était en 1959, soit en même temps que la candidature grecque, ça fait un bail donc. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Au point qu’aujourd’hui, le régime turque a versé dans une forme de totalitarisme après la tentative de coup d’État avortée en juillet dernier.
L’entrée dans l’Union européenne d’un pays aussi grand que la Turquie a toujours inquiété certains partenaires européens. Il est vrai qu’un pays de plus de 80 millions d’habitants prend de la place, que ça soit au niveau économique ou même décisionnel. Mais aujourd’hui, c’est bien le virage autoritaire qui inquiète le plus les députés européens.
Gel « temporaire » des négociations
Hier, le parlement européen a donc demandé le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, en raison de la répression « disproportionnée » en cours depuis le coup d’État avorté de juillet. La résolution a été adoptée à une très large majorité dans ce qui constitue un gel « temporaire ».
Le président turque ne décolère pas: il a donc menacé de revenir sur le pacte entre l’UE et la Turquie conclu en mars dernier. Un pacte qui a permis d’endiguer le flux de réfugiés vers les îles grecques et ensuite vers les Balkans.
Il y a une dizaine de jours, Erdogan avait proposé de réaliser un référendum si aucune décision (favorable) n’était prise par l’UE avant la fin de l’année. Citant l’exemple du Brexit, il avait déclaré que la décision finale revenait au peuple. Peut-être que ce gel des négociations va le pousser à consulter son peuple plus rapidement que prévu.
En tout cas, il est difficile de savoir si Erdogan va mettre sa menace à exécution. Faut dire que c’est pas la première fois qu’il tente le coup. Pour rappel, la Turquie compte sur son sol 2,7 millions de réfugiés syriens.