Erdoğan, enfin menacé? Son parti perd du terrain dans les plus grandes villes du pays

Parfum de rébellion en Turquie. Non pas que l’AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdoğan, est donné perdant aux élections locales. Mais il est sanctionné dans les plus grandes villes, et sans doute aussi à Istanbul.

Bien que les comptages ne soient pas encore terminés, une certaine tendance se dégage des élections locales turques. L’AKP, le parti du président Erdogan, n’est plus tout puissant. Sept des douze plus grandes villes du pays ont désormais basculé dans le camp de l’opposition. C’est le cas à Antalya, Adana, Izmir, la capitale Ankara et sans doute Istanbul, la plus grande ville du pays.

Ekrem Imamoglu, leader du Parti républicain du peuple (CHP), y a déjà revendiqué la victoire, mettant ainsi fin à 25 ans de domination de l’AKP. Mais les deux partis se tiennent dans un mouchoir, c’est une question de quelques pourcents.

Si la ville de 15 millions d’habitants tombe entre les mains de l’opposition, ce serait un sacré coup dur pour le président Erdogan. « Celui qui gagne Istanbul gagne la Turquie », est un proverbe bien connu dans le pays. Plus qu’un symbole, il pourrait s’agir d’une victoire psychologique qui pourrait amener la population à sanctionner directement le président dans le futur.

L’économie, le point faible d’Erdogan

Reste que l’AKP est loin d’être mort. Dans toutes les villes du pays, la lutte entre le parti d’Erdogan et le CHP a été exceptionnellement excitante. Notamment à Ankara, la capitale, où le CHP est annoncé vainqueur. La participation a été importante: l’agence de presse de l’Etat annonce 85%, parmi les 57 millions de votants.

Traités de terroristes, de traîtres et de criminels durant toute la campagne, les troupes du CHP ont fait mieux que résister. Faut dire que les partis de l’opposition ont eu la bonne idée de se rassembler formant une « Alliance nationale ».

Erdogan, lui, voit dans ces élections une nouvelle victoire. Même s’il reconnait la perte de certaines villes, expliquant que « cela fait partie de la démocratie ». Il ferait bien de se méfier. La situation économique de la Turquie pourrait lui jouer de mauvais tours.

De l’inflation, un taux de chômage élevé et une hausse des denrées alimentaires. Il s’agit certainement du tendon d’Achille du président omnipotent. Davantage qu’un éventuel coup d’Etat militaire comme celui de de 2016.

Les Kurdes, l’assurance d’Erdogan

Du côté kurde, on a préféré appeler à voter pour le CHP plutôt que de présenter des listes propres. En tout cas dans les trois plus grandes villes du pays Istanbul, Ankara et Izmir. Le parti kurde HDP, principal parti d’opposition de l’AKP, est considéré par le pouvoir en place comme rattaché à l’organisation terroriste PKK.

Erdogan, qui promet des efforts pour redresser le pays économiquement, tient là son argument béton. Il se considère comme le seul rempart face au terrorisme.

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