En Iraq, les jeunes chiites célèbrent le ramadan au rythme des « raps Husseini »

En Iraq, la communauté chiite se divise autour des raps coraniques. Entre conservateurs qui voient cette nouvelle manière d’attirer les jeunes comme profane et volonté de modernité, le « rap Husseini » fait battre en rythme les jeunes chiites iraquiens. 

Aujourd’hui, débute la première journée du ramadan en Belgique et en France. Alors que le mois de jeûne débute chez nous, une nouveauté visant à combattre la « criminalité, les drogues et l’athéisme » -comme le dit Karar al Medheri, chanteur – divise la communauté chiite en Iraq.

Le rap husseini, du nom de l’imam Hussein, petit-fils du prophète et l’un des fondateurs du chiisme, ce sont des latmiyates chantées au rythme de battements contre la poitrine par des dizaines de jeunes.

Une modernité qui divise

Depuis mars, les raps chiites ont envahi les mosquées iraquiennes, afin de ramener les jeunes musulmans qui avaient quitté le navire, rebutés par la corruption et les intérêts politiques des représentants rigides de l’Islam iraquien.

Ce sont ces mêmes représentants qui voient d’un mauvais oeil l’arrivée du rap, musique de l’envahisseur américain, au sein des lieux sacrés.

Un débat qui semble légèrement daté, quand on voit des Iraquiens comme I-NZ détourner la musique des États-Unis pour dénoncer à leur manière les pratiques de l’armée américaine. En effet, en juillet dernier, le rappeur surfait sur la vague du titre This is America de Childish Gambino, en reprenant l’esthétique et la rythmique de Donald Glover, à la sauce This is Iraq. Résultat: plus de cinq millions de vues, et une nouvelle visibilité pour les militants iraquiens.

Bien sûr, difficile de comparer le détournement d’un single avec le remaniement des latmiyates, ces vers qui retracent la vie et les martyres des grandes figures de l’Islam chiite. Mais le changement semble fonctionner, quand on voit les images de foules, se frappant la poitrine et récitant ces textes avec un phrasé rapide et rythmé.

Les lieux les plus sacrés pas encore autorisés

Du fait de cette division, le rap chiite n’a pas encore conquis tout l’Iraq. Les lieux les plus emblématiques, comme les mausolées de Kerbala et Najaf, n’ont encore jamais accueilli les adeptes de rap Husseini.

Dans tous les cas, ce vent de modernité ramène les jeunes chiites vers les lieux de prière. Sur YouTube, les vidéos accumulent des centaines de milliers de vue. Karrar al Bederi, chanteur cité plus tôt, l’affirme à l’AFP et n’a pas besoin de beaucoup plus pour prouver son propos: “Il faut s’adresser aux jeunes avec les outils qu’ils connaissent. »

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