Élections anticipées, nouvelles coalitions, quels sont les scénarios possibles suite à la bombe balancée par Benoît Lutgen? 

Ce lundi, le cdH a lâché une petite bombe dans le microcosme de la politique francophone en Belgique. Le Parti humaniste ne veut plus gouverner avec le PS aux gouvernements wallons, bruxellois et en Fédération Wallonie-Bruxelles. La faute à plusieurs scandales dans lesquels trempe le Parti socialiste. Mais quels sont les coalitions possibles dans les différents gouvernements? Et surtout, est-ce vraiment possible de changer de majorité? 

Le cdH ne veut plus gouverner avec le parti socialiste, Benoit Lutgen (cdH) a été très clair. Il a fait un appel du pied au MR, à Ecolo et à DéFI mais ce n’est pas sûr que les humanistes réussissent à convaincre les partis de l’opposition pour créer une nouvelle majorité. Depuis sa conférence de presse aux alentours de 13h30 ce lundi, plusieurs responsables de partis se sont déjà exprimés.

Le MR prêt à dialoguer

Le président du Mouvement Réformateur, Olivier Chastel s’est déjà exprimé via un communiqué. Il dit « prendre acte de l’annonce faite par le président du cdH » et que cette annonce « confirme le constat posé par le MR » concernant le PS.

Le président libéral a également déclaré: « depuis plusieurs mois, nous ne cessons de dénoncer l’inertie des gouvernements fédérés. En Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et à Bruxelles, les ministres-présidents socialistes consacrent leurs forces à sauver leur parti. La gestion des entités fédérées passe totalement au second plan. »

Enfin, il termine en confirmant que le MR « répondra favorablement à un appel au dialogue politique lancé par le cdH concernant les entités fédérées. »

DéFI critique la méthode de Benoit Lutgen, Ecolo surpris

Didier Gosuin, le chef de file de DéFI au gouvernement bruxellois s’est également exprimé. Il comprend la décision du cdH mais ne cautionne pas la méthode employée: « Je comprends qu’il (Benoît Lutgen, ndlr) critique comme moi le PS après le scandale de Publifin, mais mettre des gouvernements cul par-dessus tête, ce n’est pas une méthode » a-t-il déclaré en conférence de presse initialement sur les résultats d’une enquête sur le plein boom des marchés ambulants à Bruxelles

Il est très critique envers le MR qui trempe également dans des scandales comme celui du Kazakhgate. Il a fini par déclarer: « Je ne rentre pas dans ce genre de combine. » Ça a le mérite d’être clair.

Olivier Maingain, président de DéFI s’est quant à lui exprimé pour Le Soir: « De la part de Benoît Lutgen, c’est une opération de tentative de sauvetage du cdH. Si ce parti avait voulu avancer réellement dans la gouvernance, il pouvait le faire ces dernières années, il est au pouvoir en Wallonie comme à Bruxelles. » Pas forcément convaincu, donc.

La co-président d’Ecolo s’est aussi exprimée sans donner trop de détails. Elle s’est juste dit surprise de l’annonce de Lutgen tout en précisant qu’une réunion allait s’organiser entre les responsables écologistes.

Elio Di Rupo parle de « trahison »

Le président du Parti Socialiste, Elio Di Rupo, s’est lui aussi exprimé via un communiqué. Il dit « prendre acte de la trahison du cdH ». Il invite également à « ne pas être dupe des justifications invoquées par Benoît Lutgen. »

Le clash est lancé puisqu’il continue en disant: « à l’heure où le PS se positionne clairement en faveur du décumul, le cdH a manifestement pris peur. » Il ajoue également que d’autres formations politiques ont été mêlées dans différents scandales et que le PS s’active déjà pour réparer ses erreurs: « Le PS a déjà pris des mesures nécessaires pour restaurer la confiance des citoyens envers les institutions démocratiques. Le travail se poursuit en interne et le PS espère qu’il sera rejoint par d’autres formations politiques. Face aux difficultés, le cdH a manifestement choisi de déserter. »

Des élections anticipées? C’est non

Le parlement wallon est un parlement de législature, il ne peut pas être dissout durant toute la législation. C’est à dire, pas avant 2019. Donc, tu peux être sur à 100% que tu ne devras pas te rendre aux urnes avant deux ans, du moins concernant les pouvoirs régionaux.

En fait le seul moyen de faire bouger les choses, c’est de déposer une motion de méfiance envers le gouvernement wallon ou un ou plusieurs de ses membres. Pour qu’elle soit recevable, il faut qu’elle soit signée par au moins huit députés et qu’elle présente un successeur au gouvernement. Mais cette motion ne peut être adoptée qu’à la majorité des députés, elle n’est donc pas facile à passer.

Si elle est votée, elle entraîne la démission de tout le gouvernement et la formation d’une assemblée toute neuve. Si elle est votée et que le gouvernement est démissionnaire, il faut trouver une majorité de remplacement. Tant que ce n’est pas fait, le gouvernement devient un gouvernement d’affaires courantes. Mais actuellement, on en est encore loin car il faut trouver des députés motivés à voter cette motion de méfiance. Il faut aussi s’assurer du soutien des autres partis comme Ecolo, DéFI ou le MR pour pouvoir voter la motion à la majorité. Et pour le moment, Ecolo n’a pas vraiment d’intérêt de s’allier à une alliance de centre-droit et DéFI a déjà exprimé son désaccord vis à vis de l’annonce de Lutgen.

Quelles coalitions possibles?

Dans le scénario où tous les partis acceptent de coopérer avec le cdH, voici les seules coalitions possibles dans les différents gouvernements.

Pour le gouvernement wallon, il faut 38 sièges pour avoir la majorité. Donc une alliance cdH-MR est une possibilité puisqu’à eux deux, ils rassemblent tout juste 38 sièges.

À la fédération Wallonie-Bruxelles, il en faut 48 pour créer une majorité. Il y a donc deux possibilités: une alliance cdH (16) + MR (30) + Ecolo (6) ce qui fait 52 sièges OU une coalition cdH (16) + MR (30) + DéFI (2) ce qui ferait 48 sièges tout juste.

Enfin à Bruxelles, on pourrait voir une alliance cdH (8), MR (17), DéFI (12), VLD (5) et sp.a (3) ce qui ferait 45 sièges, pile le nombre requis pour créer une majorité.

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