Ecolo, MR et cdH se rencontrent encore (et encore) aujourd’hui: la réunion de la dernière chance pour les verts?

Les jours passent et se ressemblent, ou presque. Depuis que le cdH de Benoît Lutgen a fait exploser les coalitions gouvernementales des entités fédérées, on est toujours dans l’impasse. Et la crise s’approfondit. Le cdH, le MR et Ecolo se rencontrent ce mardi à 10h15 à Namur pour discuter des propositions de bonne gouvernance. Mais ça risque d’être électrique, chaque parti campant sur ses positions et la jouant sourde oreille.

Cela fait désormais plus de trois semaines que le cdH a décidé de débrancher la prise des gouvernements wallons, bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ne voulant plus gouverner avec le Parti Socialiste. Depuis le 19 juin, on ne compte plus les innombrables contacts bilatéraux, entrevues et réunions entre les cinq partis francophones pour réfléchir à comment constituer de nouvelles majorités. Mais on est encore loin de voir le bout du tunnel. Et la nouvelle réunion de ce mardi matin ne risque pas d’améliorer les choses. Bien au contraire.

Seuls le cdH, le MR et Ecolo se rencontreront aujourd’hui à Namur. DéFi continuant de les snober et de rejeter l’agenda de Benoît Lutgen (cdH), en acceptant seulement les rencontres bilatérales. Or, l’entente avec le parti d’Olivier Maingain est plus que cruciale pour aboutir à un accord à Bruxelles (DéFi disposant de 12 sièges au parlement bruxellois). Réunis hier en bureau hebdomadaire, les trois partis se remettront autour de la table avec « une évaluation propre du degré d’urgence » de la situation de crise, peut-on lire ce matin dans les colonnes du Soir.

Le cdH, dans une position de plus en plus caduque

Il y a tout d’abord le cdH. Les humanistes ont joué un gros coup, qui sera inévitablement quitte ou double. Mais plus le temps passe, plus le président et son parti perdent du crédit. D’autant plus que les rapports avec le PS deviennent de plus en plus houleux, particulièrement au gouvernement wallon, alors qu’ils sont toujours partenaires et doivent composer ensemble. Et pourtant, Benoît Lutgen y croit encore. Il a fait savoir hier matin qu’il souhaitait un accord le plus large possible, et toujours sans le PS.

Jusqu’au 21 juillet, pour le MR

Du côté du MR, Olivier Chastel avait d’abord répondu favorablement à l’annonce de Lutgen. Mais les réformateurs commencent à s’impatienter. lls ont d’ailleurs arrêté une date butoir pour résoudre l’inextricable énigme des majorités: le 21 juillet. Après, « on ne garantit plus rien », ont laissé entendre certains membres au Soir.

Or sans ce parti au poids parlementaire considérable, aucune majorité n’est possible. Rappelons qu’ils disposent de 25 députés au gouvernement wallon, 30 à la Fédération Wallonie-Bruxelles et 17 à Bruxelles. Certains élus évoquent même la possibilité d’une majorité « violette » avec le PS, mais la pilule sera très dure à avaler pour les humanistes.

epa

Ecolo, comme DéFi, accroché aux mesures de bonne gouvernance

Enfin, du point de vue d’Ecolo, on est dans la précipitation sur un autre sujet. Sur la même longueur d’onde que DéFi, les Verts ne veulent pas dissocier la constitution de nouvelles majorités avec un avancement important sur l’amélioration de la démocratie, au préalable. Ainsi, ils veulent un accord aujourd’hui sur une partie des 85 points que contiennent la liste des propositions sur la bonne gouvernance arrêtée la semaine dernière. 50 d’entre eux ont déjà été examinés jeudi dernier à l’issue d’une réunion de cinq heures qui n’a débouché sur rien de concret.

Les sujets qui tiennent à coeur le parti de Zakia Khattabi et Patrick Dupriez n’ont pas bougé d’un poil: le décumul intégral et l’intégration des revenus privés dans le plafonnement des rémunérations à 150 % de l’indemnité parlementaire (pour éviter de nouveaux Publifin, Samusocial, et compagnie), surtout. Mais aussi la proportionnalité du système électoral, la participation des citoyens à la vie démocratique (notamment via la mise en place d’une commission parlementaire mixte et d’un droit d’initiative législative pour tous) et la création d’une circonscription régionale en Wallonie.

Tant qu’aucune avancée concrète n’est faite sur ces points chauds, il y a fort à parier qu’Ecolo décide de jouer cavalier seul – à l’instar de DéFi – ou de carrément débrancher la prise, à son tour. Dès son arrivée, la co-présidente Zakia Khattabi a d’ailleurs affirmé à La Libre qu’en cas de non accord, les verts « déposeront des textes en dehors de cette configuration » et « arrêteront alors de négocier dans la configuration actuelle ». Grosse ambiance…

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