Discours sur l’état de l’Union: Trump salue les femmes en politique (quasiment toutes démocrates)

Devant un Congrès réuni au grand complet, Donald Trump a livré mardi son annuel discours sur l’état de l’Union qui se voulait rassembleur. Un exercice difficile pour le président des États-Unis qui fait face à un nombre de scandales importants: mur, immigration, enquêtes, shutdown… Trump a salué les femmes présentes au Congrès. Problème: elles sont quasiment toutes démocrates.

Mettre à plat les querelles, oublier les couleurs politiques, penser comme un seul peuple américain puis en profiter pour tacler avec une certaine maladresse tous ses adversaire et insister à nouveau sur l’immigration, tel a été en substance le discours sur l’état de l’Union (SOTU) prononcé par Trump mardi.

Le président américain a été particulièrement long cette année pour cet exercice consistant à présenter les points de son programme pour l’année politique en cours. Pour le deuxième SOTU de son mandat, Trump a parlé pendant une heure et demi. Une jolie performance qui a eu ses moments plus intenses et ses passages de flottements. Une allocution qui, malgré ses intentions, n’est pas parvenue à mettre tout le monde d’accord.

« Les murs sauvent des vies »

Après le shutdown qui a paralysé les administrations américaines pendant plusieurs semaines, Trump aurait pu décréter l’état d’urgence pour mettre un terme au débat sur la construction du mur. Cela lui aurait permis de débloquer des financements sans l’accord du Congrès. Mais il a choisi de ne pas le faire. Au lieu de ça, il a appelé les démocrates et les républicains à se mettre d’accord pour trouver une solution avant le 15 février. Une solution qui implique la construction du mur, évidemment.

« Par le passé, la plupart des gens dans cette pièce ont voté pour un mur, mais le mur adéquat n’a jamais été construit. Je le ferai construire », a-t-il affirmé. Tonnerre d’applaudissements dans le camp républicain. « Les gardes-frontières vous le diront: là où les murs s’érigent, l’immigration illégale diminue ». Et de conclure son argumentation en martelant que les murs « fonctionnent et sauvent des vies, alors travaillons ensemble, trouvons un compromis et un accord qui va faire de l’Amérique un lieu sûr. »

Les femmes au Congrès

Involontairement, Trump a donné de la voix à ses opposants. En voulant célébrer le nombre particulièrement important de femmes au Congrès cette année, il a en fait célébré les avancées démocrates.

« Personne n’a davantage profité de notre économie florissante que les femmes, qui ont pourvu à 58% des emplois nouvellement créés l’an dernier », s’est-il glorifié. « Tous les Américains peuvent être fiers d’avoir plus de femmes que jamais dans la population active. »

« Et exactement un siècle après que le Congrès ait voté l’amendement constitutionnel donnant le droit de vote aux femmes, nous avons également plus de femmes siégeant au Congrès que jamais « , a-t-il poursuivi.

Ces déclarations ont entraîné de longues séquences d’applaudissements. Mais ces dernières n’étaient pas vraiment adressées au président. Un groupe de femmes démocrates était venu habillé de blanc, pour souligner les efforts accomplis autant sur le plan de la parité que sur celui de la diversité. Un grand nombre d’entre elles a levé le poing suite aux déclarations de Trump et ont crié « USA! USA! USA! ».

Interrogée à la sortie du discours, Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates, a indiqué avoir apprécié le fait que le président Trump reconnaisse la présence des femmes au Congrès. Mais elle a déploré le fait que le président ait oublié de mentionner qu’elles étaient principalement des démocrates. Sur les 500 membres du Congrès (Sénat et Chambre des représentants réunis), il y a 108 femmes démocrates et 23 républicaines.

Stopper les enquêtes

Lorsque Trump est arrivé avec sa cravate rouge devant les 500 élus du Congrès, il espérait faire jouer la carte de l’unité. « Le programme que je vais présenter ce soir n’est ni républicain, ni démocrate. C’est celui du peuple américain ». Il a essayé d’attendrir les démocrates et leur faire oublier les investigations sur les ingérences politiques. « S’il doit y avoir de la paix et de la législation, il ne peut y avoir de guerre et d’enquête. »

Mais rapidement, les vieilles rancœurs ont repris le dessus. Il s’en est pris violemment à l’enquête en cours dirigée par le procureur spécial Robert Mueller ainsi qu’aux enquêtes parlementaires visant les possibles liens entre son équipe de campagne et la Russie. « Un miracle économique se produit actuellement aux Etats-Unis et les seules choses qui pourraient le stopper sont les guerres insensées, les politiques ou les enquêtes partisanes ridicules. » En d’autres termes, poursuivre ces investigations nuirait à la santé financière (toute relative, en réalité) du pays.

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L’économie au top, vraiment?

Les États-Unis sont-ils réellement en train de connaître un boom économique? C’est en tout cas ce qu’a déclaré le président milliardaire. « En un peu plus de deux ans depuis les élections, nous avons lancé un boom économique sans précédent – un boom jamais vu auparavant. (…) Nous avons déclenché une révolution au sein de l’American Energy – les États-Unis sont désormais le premier producteur mondial de pétrole et de gaz naturel. »

CNN précise toutefois que ces déclarations sont en partie vraies mais qu’elles méritent d’être contextualisées. Trump peut se vanter de l’accélération de l’économie, mais une partie de cette hausse est tributaire du gouvernement précédent et de décisions prises localement. Les mérites ne lui reviennent qu’en partie. Concernant les énergies fossiles, la chaîne ajoute l’augmentation de la production de pétrole et de gaz aux États-Unis est due principalement aux progrès de la technologie de fracturation hydraulique. Ce système a permis aux foreurs d’avoir accès à des réserves situées dans des formations de schiste enfouies sous terre.

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La Corée du Nord

Trump a annoncé qu’il allait à nouveau rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un les 27 et 28 février prochains au Vietnam. Il a pompeusement allégué: « Si je n’avais pas été élu président des États-Unis, nous serions actuellement dans une grande guerre avec la Corée du Nord ». Et d’ajouter que « beaucoup de travail doit encore être accompli », mais sa « relation avec Kim Jong-un est une bonne chose ».

Le président en a aussi profité pour menacer à nouveau la Chine qui « vole les emplois et la richesse des Américains ». Trump, qui est le premier à avoir reconnu Juan Guaido comme nouveau président du Venezuela, a assuré que les Vénézuéliens avait tout son soutien dans leur « quête de liberté ». Il a également insisté sur la nécessité de retirer les troupes américaines d’Afghanistan et de Syrie, sans toutefois donner de date précise.

C’est donc un Trump motivé par des envies de réconciliations qui est arrivé ce mardi devant le Congrès. Mais sa vision de la réconciliation consistait au final à tenter de convaincre l’assistance d’adopter son point de vue sur différents aspects de sa politique. Et il semble, au vu des applaudissements inégaux de l’assemblée, que ça n’ait pas trop fonctionné. Le 15 février prochain marquera l’échéance du débat budgétaire et tout porte à croire que cette nouvelle année politique sera pour le moins animée.

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