« Des milliards et des milliards d’euros », voilà ce que coûtera… l’enfouissement des déchets nucléaires

Face à la volonté croissante de changement par rapport au climat, la N-VA sort la calculette. La transition énergétique « coûtera des milliards et des milliards d’euros », selon Sigfried Bracke (N-VA). Quelques jours plus tôt, Bart De Wever voyait dans l’énergie nucléaire la solution miracle. Une solution à plusieurs milliards.

Transition écologique vs écoréalisme, voilà le dilemme proposé par la N-VA. Car forcément, pour les nationalistes, la transition écologique aura un coût. Un énorme coût, si l’on suit le raisonnement de Sigfried Bracke, dont les propos ce mardi sur La Première en ont estomaqué plus d’un:

« Les jeunes ont le droit de s’exprimer même si ce n’est pas totalement juste. Moi aussi j’ai dit des bêtises quand j’étais jeune. Il ne faut pas se moquer d’eux; nous devons prendre ça au sérieux mais sans arriver à une révolution qui coûtera des milliards et des milliards d’euros. »

Climatosceptiques, les nationalistes flamands? Non, mais ils ont des solutions pour le moins déconcertantes, à mille lieues de leurs adversaires écologistes. Politiquement, c’est tout sauf un hasard. Pour Bart De Wever, la solution n’est autre que le… nucléaire: « On ne peut pas avoir de tabou, y compris sur l’énergie nucléaire. Nous n’excluons même pas une centrale nucléaire de la 4e génération. Peut-être que d’ici 10 ans nous commencerons à la construire. »

Mais, mais… la Belgique n’a-t-elle pas prévu de sortir du nucléaire en 2025? Si, mais la N-VA, qui a toujours freiné des quatre fers sur ce dossier au sein du gouvernement fédéral, joue sur les mots. L’accord concerne « la génération actuelle des réacteurs ». Les nationalistes veulent remettre le projet d’une nouvelle génération de réacteurs sur la table. Ils détailleront d’ailleurs bientôt leur plan dans ce domaine.

3 types de déchets

Si une centrale nucléaire est de fait peu productrice de CO2, gaz responsable du réchauffement climatique, il ne faudrait pas oublier que les déchets nucléaires posent d’énormes problèmes, et pas seulement pour les générations futures.

Il existe en fait trois types de déchets nucléaires: les déchets faiblement radioactifs et à courte durée de vie (A), les déchets faiblement radioactifs à longue durée (B) et, enfin, les déchets fortement radioactifs à longue durée. Ces déchets proviennent principalement des centrales de Doel et de Tihange, de combustibles usés, mais aussi des pièces de rechange ou des vêtements de protection par exemple.

Si pour les déchets A, leur sort est réglé – ils seront entreposés en surface sur le site de Dessel en 2022-2023 – c’est plus compliqué pour les déchets B et C. Et on parle quand même de 11.000 m³ de déchets B et 700 m³ de déchets C, sans compter le combustible usé des centrales qui devra être refroidi dans des piscines jusqu’en 2080.

EPA

10,7 milliards d’euros

La solution préconisée par l’Ondraf (organe fédéral qui gère les déchets nucléaires) est l’enfouissement géologique profond. Il est prévu d’enfouir nos déchets nucléaires à 400 mètres de profondeur. Coût: 10,7 milliards d’euros. À titre de comparaison, la France enfouit ses déchets à plus de 500 mètres, les États-Unis à 650 mètres.

Alors que cette technique fait l’objet d’un relatif consensus entre l’industrie du nucléaire et les gouvernements, elle est remise en cause par un rapport relayé par Greenpeace ce mercredi. « Nulle part dans le monde, un stockage souterrain viable, sûr et durable à long terme n’a été mis en place », insiste le texte. Problème, car nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Ecolo s’était aussi insurgé contre cet enfouissement profond, car il ne permet pas d’avoir accès à ces déchets, « à tout jamais, sans contrôle ».

Avec l’installation de nouvelles centrales, fussent-elles de nouvelle génération, on se dirigerait de toute façon vers une solution coûtant « des milliards et des milliards d’euros » pour reprendre les propos de Sigfried Bracke.

Rappelons que les déchets nucléaires émettent un rayonnement ionisant, la radioactivité, qui peut endommager les tissus vivants et menacer notre santé. Se tenir à un mètre d’un assemblage de combustible usé non blindé pourrait te tuer en une minute. Les déchets les plus radioactifs ont une durée de vie de plus de 300.000 ans, soit « une durée qui dépasse la présence de l’Homo Sapiens sur Terre », fustige Greenpeace. Cela fait 44 ans que nos centrales nucléaires produisent de l’énergie. Or, « tous les efforts visant à trouver des options sûres et sécuritaires pour la gestion permanente du combustible irradié hautement radioactif des réacteurs nucléaires ont échoué », rappelle l’association.

C’est ça, faire preuve d’écoréalisme?

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