Des examens anonymes en Flandre? Si tu t’appelles « Mohammed » ou « Julie », tu ne serais ainsi plus discriminé

« Ne mettez plus plus votre nom au dessus de votre copie. Laissez les profs vous corriger anonymement ». C’est par cette proposition remarquée que trois académiciens de l’université de Leuven (KUL) comptent mettre fin à la discrimination au sein de l’éducation. Evidemment, ça ne plait pas à tout le monde…

Cette opinion tranchée a été publiée dans le Standaard par trois profs d’unif de la KUL: Els Vandesande, Andy Thys and Johan Lievens. Leur but? Lutter contre les discriminations liées au nom des étudiants.

Ils veulent rendre les cotations des examens plus objectives en introduisant des évaluations anonymes pour les universités et les hautes écoles flamandes. Les trois académiciens sont partis du constat que la réputation de certains étudiants, le sexe ou l’origine pouvaient entraver l’objectivité du correcteur.

Ce qu’ils veulent, c’est promouvoir l’égalité des chances dans l’enseignement universitaire. C’est super simple en plus, puisque les étudiants n’auraient qu’à mettre leur numéro d’étudiant au dessus de leur copie.

Rapport inéquitable

« Tout le monde est consciemment ou inconsciemment affecté par les préjugés. Mais le problème ici, c’est que cela peut influencer les résultats », a commenté Johan Lievens dans De Redactie, après que la tribune qu’il a coécrite fasse grand bruit dans le nord du pays.

« Donc un prof peut se dire, même involontairement, qu’un nom associé à une fille sera par exemple moins fort en ce qui concerne les aspects techniques. Si bien que cela pourrait affecter sa cotation sur ces mêmes sujets. »

Racisme?

« Le même principe s’applique aussi à l’association involontaire d’un nom flamand avec les les études supérieures ». Une association qui serait sans surprise en défaveur pour les noms à consonance étrangère. « Sans compter la réputation d’un élève qui peut aussi jouer un rôle », a ajouté Johan Lievens.

Peter Van Petegem, Professeur en sciences de l’éducation à l’université d’Anvers, a déclaré par ailleurs au Standaard que cette discrimination, consciente ou non, existe réellement. « Par exemple, un bon élève qui fait moins bien que habitude risque d’être favorisé, car le prof aura moins tendance à chercher des erreurs ».

« Pas des robots »

Mais Rik Torfs, le recteur de la KUL, n’est pas du tout favorable à l’idée d’établir des examens anonymes. « Nous n’imposerons jamais cela. Les étudiants ne sont pas des personnes anonymes », a-t-il écrit dans un tweet.

Lievens est d’ailleurs plutôt d’accord avec ça: « Nous pensons aussi que les étudiants ne sont pas des robots et nous ne sommes absolument pas en faveur d’une robotisation de l’éducation. Mais pour des groupes importants, les examens devraient se passer anonymement. »

Si cette pratique devait se concrétiser un jour, on peut déjà se demander comment fonctionneront les autres évaluations. Comment ce principe pourrait-il s’appliquer pour les examens oraux, les stages ou les travaux de groupe. Mais sur le fond, on comprend la démarche. Une idée à appliquer en Wallonie et à Bruxelles? La question est posée…

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