Des documents divulgués révèlent combien les recrues de l’Etat islamique ont une compréhension très basique de l’islam

Des documents retrouvés dans un ancien fief du groupe terroriste et analysés par l’agence de presse, Associated Press, ont montré combien les nouvelles recrues ignoraient les préceptes de la foi islamique. Une aubaine pour l’Etat islamique.

Selon ces documents, établis sous forme de questionnaires pour les nouvelles recrues, le niveau de connaissance de la sharia pour 70% d’entre eux est qualifié de « basique », soit l’échelon le plus bas. 5% seulement des candidats au jihad se révélaient être des « connaisseurs avancés » tandis 24% d’entre eux ont été placés dans la catégorie « intermédiaire ».

Et ce constat n’est finalement pas une si mauvaise nouvelle pour l’Etat islamique. Car ainsi, les recruteurs et les imams qui participent à la formation des requérants ont tout le loisir pour partir d’une page blanche. Et ainsi se servir de cette ignorance pour imposer leur interprétation du Coran.

« L’islam pour les nuls »

Et ce n’est pas tout. AP a mis aussi la main sur une commande Amazon faites par des recrues britanniques de Daesh. Et on voit sur ces commandes que les livres « L’islam pour les nuls » ou « Le Coran pour les nuls » ont été plébiscités.

AP est même parvenu à interviewer un ancien sympathisant. Cet interview nous montre combien l’ignorance a poussé ces jeunes à s’enrôler pour la mauvaise cause: « j’ai réalisé que j’étais au mauvais endroit quand les recruteurs m’ont posé des questions du genre: ‘une fois mort, qui dois-tu appeler?’, a déclaré cette recrue européenne sous le couvert d’anonymat par peur de représailles. Il pensait rejoindre un groupe de combattants rebelles pour combattre le régime de Bashar al-Assad et aider les syriens. Il ne pensait apparemment pas tomber en plein dans la chaîne de recrutements du groupe terroriste.

Il a ajouté que lors de ces « stages », les recruteurs montraient des vidéos de propagande du groupe terroriste sur l’islam. Ce témoin rendait aussi visite de manière répétée à des imams qui prônaient le fait de mourir en martyr. Loin de la maison, non-instruits à la foi religieuse, en rupture familiale et souvent ultra-connectés, on comprend que nombre de recrues n’étaient tout simplement pas en capacité de juger.

L’ignorance comme moteur

Et ça pourrait aussi expliquer les profils parfois interpellant de certains terroristes étant passés à l’acte. Ainsi Mohamed Lahouaiyej Bouhlel, l’homme qui a tué 85 personnes le long de la promenade des Anglais à Nice, est souvent décrit par sa famille et les voisins comme étant indifférent à la religion, buvant de l’alcool et ayant même eu des relations sexuelles avec des hommes.

On pense aussi à Mourad Farès, un recruteur français qui tentait de convaincre ces cibles de rejoindre la Syrie en faisant « la tournée des bars ». Parmi les hommes recrutés par Farès, on retrouve Karim Mohammed-Aggad, le frère de Foued, l’un des assaillant du Bataclan le 13 novembre. Et bien ce dénommé Karim a déclaré lors de son procès que « ses croyances religieuses n’avaient rien à voir » avec son départ pour la Syrie où il a séjourné pendant un mois. « On a utilisé l’Islam pour m’attraper comme un loup », poursuivait-il.

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