Des dizaines de fausses universités privées piègent les étudiants en offrant un diplôme non homologué

Certains établissements privés livrent un enseignement supérieur sans que leur diplôme ne soit reconnu au bout du compte. La faute à la loi sur la liberté d’enseignement qui autorise ces structures sans pour autant reconnaître leur qualité « d’université ». Du coup, de nombreux étudiants, surtout étrangers, se font piéger: ils terminent leurs études avec un diplôme non-homologués. Mais ça ne dérange pas trop ces établissement privés qui en profitent pour se sucrer.

C’est la FEF et son porte-parole Maxime Mori qui tirent la sonnette d’alarme: des dizaines d’établissements privés mais parfaitement légaux livrent au bout de leur cursus un diplôme non reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La faute à la Constitution qui règle la liberté d’enseignement et autorise leur existence. La Fédération Wallonie a pourtant essayé d’encadrer cette loi via le décret « Paysage », initié en 2013. Ce décret établit la liste des établissements dont le diplôme est reconnu et protège certaines dénominations. Ainsi, ces écoles privées ne peuvent pas porter le nom « d’université » ou « haute école » ou encore « école supérieure », mais elles connaissent toujours un certain succès.

Argent contre visa

Il en existerait des dizaines. Et nombreux sont les étudiants qui se font piéger, souvent étrangers. L’astuce est la suivante: ces établissements privés promettent un visa et « un enseignement de qualité » contre une inscription qui va en moyenne de 7.000 à 10.000 euros sur l’entièreté du cursus. Beaucoup d’étudiants africains sont visés et La Libre en cite deux exemples.

Il y a d’abord Étienne qui termine ses études à l’ESCG. Il s’agit d’une école privée bruxelloise qui enseigne la communication et la gestion à 200 étudiants. Bénéficiant d’une certaine réputation, les diplômes qu’elle rend ne sont pas reconnus par les institutions publiques. En gros, ça veut dire qu’il sera impossible pour l’étudiant de se faire engager dans la fonction publique ou dans les professions réglementées comme la médecine. Il ne leur permettra pas non plus de les inscrire dans des universités reconnues.

Mais le problème de fond, c’est que ces établissements privés ont le droit d’exister, et dans le cas de l’ESCG, l’enseignement qui y est prodigué n’est pas dénué de qualité: « En novembre 2016, l’école nous a dit qu’elle ne pourrait plus nous octroyer un diplôme portant le titre ‘master’. Nous ne comprenons pas pourquoi les autorités publiques belges, alors que l’école existe depuis longtemps, ont tout à coup, sans préavis, demandé à l’ESCG d’arrêter la délivrance de masters. Aujourd’hui, l’ESCG délivre des diplômes avec le terme de ‘maîtrise’. Mais cela ne nous intéresse pas, car ce terme n’est plus reconnu nulle part ». Même sentiment pour Christelle (prénom d’emprunt) qui met surtout en avant le fait de n’avoir été prévenue qu’en dernière année.

D’autres établissements sont par contre une véritable supercherie ne bénéficiant au final que d’un site web de façade. Selon La Libre, 41 établissements qui exercent des pratiquent commerciales trompeuses ont été répertoriés en novembre 2016. Plusieurs d’entre eux ont maintenant fermé leurs portes.

La faute aux pouvoirs publics?

Devant ce double constat, la FEF va lancer une campagne de sensibilisation. D’abord pour faire cesser les dérives: « On remarque de multiples dérives tant au niveau des appellations que des frais d’inscription, de la délivrance des visas ou de l’information concrète quant à la valeur de la formation et des diplômes. Nous sommes choqués que l’on se rende compte après autant d’années de l’envers du dé­cor », déclare Maxime Mori dans La Libre.

Mais que doivent faire les pouvoirs publics dans une telle situation? Maxime Mori voit ça en plusieurs étapes: d’abord, établir une liste complète des établissements privés. Ensuite, étendre la liste des appellations protégées et enfin, faire fermer les écoles qui ne respectent pas la loi et qui font croire à la livraison d’un visa ou encore celles établissent des frais scolaires exorbitants. Maxime Mori demande aussi aux étudiants de signaler les écoles dont les diplômes ne sont pas reconnus.

Du côté d’Ecolo, on nous fait savoir que les Verts interpelleront les ministres à ce sujet, tant au niveau fédéral que celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles, « afin de mettre fin à ce business juteux et à ces situations injustes pour les étudiants ». Le député Philippe Henry estime que la réponse apportée en juin par le ministre Marcourt (PS) est « insuffisante ». Pour rappel celui-ci proposait aux étudiants de porter plainte contre les établissements concernés. Le débat sera donc porté devant la Chambre et le Parlement de la Fédération lors de la rentrée, « afin de faire toute la lumière sur les pratiques frauduleuses ».

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Les universités francophones dans le dur

Pour le reste de l’actualité universitaire, on nottera aussi la sortie du réputé classement de Shanghai.

Précisons d’emblée que deux universités belges figurent dans le TOP 100 qui est archi dominé par les universités américaines. On notera toutefois qu’aucune université francophone ne s’y trouve.

L’Université de Gand s’impose avec la 69 place devant la KUL (Leuven) classée 90e. C’est l’UCL qui complète le podium mais au delà de la centième place. Unique consolation, c’est la seule université belge ) avoir amélioré son score puisqu’elle était située au delà de la 150e place en 2016.

L’ULB quand à elle stagne au delà de cette 150e place et l’Université de Liège intègre tout juste le classement au delà de la 300e place.

Le problème se situerait-il au niveau du financement de l’enseignement universitaire? Phillipe Maystadt, ancien président de la BEI (Banque Européenne d’Investissement) et président de l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur), se pose la question sur Twitter. Il faut dire que la mise en oeuvre du Décret paysage en 2013, n’a pas toujours accompagnée des budgets qu’elle nécessitait. Le ministre Marcourt a pourtant essayé de corriger le tir en mai dernier. Mais les résultats ne se font pas encore sentir.

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