Ils ont tout quitté pour rejoindre l’Europe. Au moins 3.500 migrants irakiens ont néanmoins décidé de repartir pour retrouver leur pays ces derniers mois. La Belgique est un des pays que ces migrants quittent.
Lundi, un vol a décollé de Zaventem. Direction: Bagdad, la capitale de l’Irak. Une centaine d’Irakiens, volontaires pour retourner chez eux, était à bord. C’est le gouvernement belge qui a affrété l’avion pour leur permettre de repartir.
Il leur a en plus donné 250 euros et va les accompagner durant un an pour leur permettre de retrouver un emploi dans leur pays d’origine. La plupart étaient des demandeurs d’asiles déboutés ou en attente d’une réponse qu’ils ont préféré oublier.
Au moins 3.500 retours en Irak
Si des centaines de milliers de réfugiés tentent encore leur chance pour venir en Europe, certains commencent à la quitter. La plupart sont irakiens. Depuis début 2016, les demandes d’aides pour quitter l’Europe et revenir s’installer en Irak augmentent. Le gouvernement irakien a récemment envoyé une délégation en Europe pour permettre à ses concitoyens d’organiser leur retour au pays.
« Il y a un grand nombre de migrants irakiens qui veulent revenir », a avoué le porte-parole du gouvernement Satar Nawrooz dans les colonnes du New York Times. Selon l’Organisation mondiale pour les migrations, au moins 3.500 Irakiens auraient déjà quitté l’Europe. En Allemagne, ils seraient 2.000 candidats irakiens au départ.
« Plutôt mourir en Irak que rester en Belgique »
La Belgique illustre ce cas de figure. Dans un reportage réalisé par la chaîne flamande VRT, un Irakien lance : « Plutôt mourir en Irak que rester en Belgique ». Ces trois derniers mois, les demandes d’asiles d’Irakiens dans notre pays ont chuté de 85%: il y en a eu 2.198 en septembre, elles sont retombées à 335 dernièrement.
Théo Francken (N-VA), Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, s’est félicité de cette baisse: « Les demandeurs d’asile irakiens ne bénéficient que d’un lit, d’un bain et de pain dans des infrastructures communes, et non pas d’un logement social et de soutien financier, comme promis par les trafiquants. Nous avons démonté les mythes qui circulaient à propos de notre pays par des mots et des actes. C’est le secret de ce succès ».
Son ministère y a travaillé avec des campagnes d’informations sur Facebook ou des lettres envoyées aux Irakiens dans les centres d’accueil pour les dissuader de s’installer en Belgique. Aucun autre avion pour l’Irak avec des volontaires au départ n’est toutefois pour l’instant prévu.
Europese primeur, chartervlucht vol vrijwillige terugkeerders. Bestemming: Bagdad. pic.twitter.com/J1RwMuv8Fu
— Theo Francken (@FranckenTheo) 1 Février 2016
Rêves brisés
Pourquoi vouloir repartir après avoir risqué sa vie pour venir en Europe? Tout simplement car l’Eldorado qui leur avait été promis les a déçus et que leurs rêves, parfois inaccessibles, ont étés brisés. Il y a bien sûr le coût de la vie, bien plus important qu’en Irak. Certains ont quitté leur pays pour des raisons économiques mais n’ont pas réussi à trouver du travail et doivent vivre dans la misère. Beaucoup de migrants n’ont pas anticipé les difficultés à s’intégrer à la société européenne. Les attentats qui ont frappé l’Europe ont également renforcé la méfiance des habitants envers les réfugiés.
Ces raisons peuvent expliquer les départs volontaires vers l’Irak. « Certains veulent revenir pour des raisons personnelles, d’autres parce que leurs demandes d’asiles ont été refusées ou en raison du coût de la vie. Nous ne sommes pas capables de tous les compter. Beaucoup repartent avec leur propre argent, pas celui du ministère », explique Satar Nawrooz.
Des messages sur les réseaux sociaux
Il y a quelques mois, les messages encourageant les personnes à tenter leur chance pour venir en Europe étaient nombreux sur les réseaux sociaux. C’est désormais le contraire. Dans une vidéo qui circule, un homme se plaint notamment de la nourriture en Europe et fait passer ce message: « Je suis en attente pour mon vol à Bagdad et je serai bientôt de retour. Je conseillerais à tout le monde de ne pas prendre le risque et venir en Europe ».
Des milliers de personnes quittent pourtant l’Irak chaque jour pour rejoindre l’Europe: la semaine dernière, cinq Irakiens ont ainsi été retrouvés morts noyés en mer Égée sur un bateau de fortune. L’Irak reste ravagé par le conflit face à Daech et les gens préfèrent fuir et rêver à une vie meilleure en Europe, même si ils ne la trouveront pas forcément.
Sources : New York Times, Le Parisien, Le Vif, Financial Times