À Los Angeles, de plus en plus de prisonniers se font retirer leurs tatouages. Ils se débarrassent de ces anciennes marques d’appartenance à des gang pour pouvoir trouver du travail à leur sortie de prison. L’opération est faite au laser et la séance coûte entre 200 et 500 dollars. Mais c’est le comté de L.A. qui paie car c’est un programme de réinsertion très efficace.
De nombreux prisonniers se sont fait tatouer quand ils étaient trop jeunes ou dans des moments où ils ne réfléchissaient pas trop. Leurs tatouages n’étaient pas un simple choix esthétique, ils marquaient leurs appartenance à un gang criminel. Mais après plusieurs années en prison, ils sont comme un boulet du passé qui leur empêchera de trouver du travail. Du coup, de plus en plus de prisonniers se le font retirer.
Le programme a été lancé en 2012 à Los Angeles, aux États-Unis. Trois services se sont associés pour le lancer: le Bureau des services médicaux, le Bureau de l’éducation des prisonniers (EBI) et Homeboy Industries. Homeboy Industries est un programme chrétien de réinsertion pour les jeunes détenus qui appartenaient à des gangs.
Tatouages de gang
Dans les gangs latinos, russes ou japonais, les tatouages ont plusieurs sens. Les membres se tatouent pour montrer à quels gang ils appartiennent, pour désigner leur statut hiérarchique, pour montrer combien de gens ils ont tués ou combien de fois ils ont été en prison. Le tattoo a une vraie résonance sociale et il s’affiche sur des parties du corps très visibles: la tête, les doigts, le cou…
Quand un détenu porte une goutte sous l’oeil, cela signifie qu’il a tué quelqu’un. Parfois, la goutte est portée en signe de solidarité avec un autre membre de gang. Les tatouages de chiffres vont définir l’appartenance à un gang. Dans le gang des Crips, par exemple, trois zéros symbolisent le sang. Le 14 est un chiffre très utilisé par les gang latinos. Le 7 représente la lettre G, septième de l’alphabet, et elle signifie « God of gangster, » soit le Dieu des gangsters.
Opération laser
Forcément, chercher du travail avec ces marques d’appartenance sur le visage, ce n’est pas évident. Rares sont les employeurs qui cherchent un caissier avec écrit « LA MORT » sur le front. Ce n’est pas très commercial comme attitude. C’est dans cette optique qu’a été créé le Tattoo Removal Service, le Service de suppression des tatouages.
Une session d’effaçage coûte entre 200 et 500 dollars. C’est un laser qui passe sur les couches supérieures de la peau et se fait absorber par les pigments du tatouage. La lumière intense casse l’encre qui finit par se diffuser dans le corps. La plupart des patients ont besoin de trois à huit sessions pour enlever complètement un tatouage. Du coup, l’opération totale monte souvent autour des 10.000 dollars.
Gros succès
Le Tattoo Removal Service est entièrement financé par le comté de Los Angeles, le bureau du shérif et Homeboy Industries. Les détenus n’ont rien à payer mais ça leur apporte de sérieux avantages en termes de réinsertion. À leur sortie de prison, ces anciens criminels peuvent trouver un travail normal et ils risquent moins de retourner dans le seul endroit où autrefois on les acceptait: les gangs. Forcément, ce programme rencontre un très gros succès.
Depuis sa création en 2012, ce programme permet chaque année à environ 500 criminels, hommes et femmes confondus, de retirer leurs tatouages. C’est l’un des programmes de réinsertion les plus efficaces aux États-Unis: il permet au prisonnier de retrouver une place dans la société et il réduit fortement les risques de récidive.
