Mercredi soir, « A votre avis » est revenu sur le parti Islam, un parti qui dérange et que beaucoup veulent faire interdire. Mais est-ce que ce parti mérite autant d’attention? Doit-il être pris au sérieux? Comment la communauté musulmane le considère-t-il? Lionel Rémy, doctorant à l’UCL, a pu suivre le parti Islam pendant cinq mois. Il nous rapporte un regard plus qu’éclairé.
Lionel Rémy est un ethnologue de l’UCL, où il passe son doctorat. Dans le cadre de ses études, il a pu suivre le parti Islam pendant cinq mois. Il ressort de ses observations un parti divisé, contrôlé par quelques personnes et finalement peu influent.
« Il faut savoir que le cœur du parti, c’est seulement trois personnes », prévient l’étudiant interrogé sur le plateau de « A votre avis » sur la RTBF. Il s’agit du président Abdelhay Bakkali Tahiri, de Lhoucine Ait Jeddig, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean et de Redouane Ahrouch, trésorier du parti et conseiller communal à Anderlecht.
Divisé
En fait, « une grosse partie du groupe a décidé de faire sécession » récemment, explique Lionel Rémy. En cause, « des tensions au sein du parti comme l’opacité du financement. Ils voulaient plus de transparence, ils ne l’ont pas eu. »
Il y a aussi eu l’interdiction de la participation des femmes aux discussions du parti, en plus de « l’absence de vote démocratique sur les points du programme ». En fait, les trois leaders du parti Islam semblent régner en despote et imposent leurs points de vue.
Doit-on dès lors s’inquiéter d’un parti groupusculaire qui, pour rappel, n’a obtenu que 6.945 voix aux élections régionales de 2014? Le parti Islam a-t-il un réel pouvoir de persuasion? « Je ne pense pas », répond l’ethnologue qui explique que les trois leaders sont chiites, ce qui pose évidemment un certain nombre de problèmes à la communauté sunnite. Mais ils ne semblent de toute façon pas être pris pour des gens sérieux, semblent acquiescer Lionel Rémy.
Et pour cause, certains points de leur programme choque, jusque dans la communauté musulmane. Comme cette volonté de séparer hommes et femmes dans les transports en commun. Une passante musulmane s’interroge: « Et puis quoi, on ne pourra plus aller au marché? »
Comme je le disais –> Islam, Vlaams Belang… : Faut-il interdire certains partis? https://t.co/zR4JXrzuXQ via @rtbfinfo
— Lionel Remy (@ibn_al_kutub) 11 avril 2018
Coup médiatique
Lionel Rémy reconnaît toutefois le coup médiatique du parti Islam « pour pas un euro ». Il a suffi au leader du parti de lâcher les mots charia et État islamique: « Les leaders du parti sont tout à fait conscients du contexte actuel », conclut-il.
Du côté politique, Georges-Louis Bouchez (MR) a répété sa volonté de vouloir interdire les rassemblements du parti Islam au niveau des communes. Olivier Maingain (DéFI) a une nouvelle fois suggéré que la « liberté d’expression avait ses limites » tandis que Patrick Durpiez (Ecolo) y voit surtout « des pitres », mais il met en garde contre tous les partis « d’extrême droite », dont le parti Islam fait partie selon lui.
Reste que le débat intéresse la population. Chiffres à l’appui sur Twitter, on voit que la prise de parole sur le parti islam est à 92% du fait de la population, contre 5% de la part des médias et 3% de la part des politiques.
Retrouve le débat en entier ici. Et si tu veux plus d’infos sur le sujet, Lionel Rémy est en train d’écrire un livre à partir de ses observations. On te préviendra à sa sortie.
@GLBouchez #avotreavis : Interdire un parti est possible, en Allemagne la justice à interdit un parti d'extrême droite en 1953 le parti communiste en 1956. pic.twitter.com/BgaWTQ9S7u
— Jepsophile (@Jepsophile) 11 avril 2018
Le #parti #Islam ne peut avoir de légitimité démocratique en ce que son projet est la négation même de la démocratie et des libertés d’autrui #AVotreAvis @RTBF
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) 12 avril 2018