« DaechLeaks », c’est cette énorme fuite balancée il y a quelques semaines et qui pouvait concerner près de 22.000 combattants étrangers de Daech. Une analyse a permis de confirmer les documents révélés étaient authentiques. Du coup, on en apprend un peu plus sur les djihadistes prêts à rejoindre les rangs du groupe terroriste.
Sky News avait balancé une véritable bombe le mois dernier: un djihadiste déçu par Daech avait remis à un journaliste une clé USB. Dessus, il y avait une véritable mine d’informations, avec les dossiers de près de 20.000 recrues de Daech, des informations les concernant (nom, prénom, âge, adresse, numéro de téléphone…), ainsi que leurs réponses au « test d’entrée » du groupe terroriste.
L’authenticité confirmée
Problème: on ne savait pas si les informations de cette clé USB étaient authentiques. Le Combating Terrorism Center (CTC), lié à l’école militaire de West Point aux États-Unis, a analysé ces documents et a confirmé leur authenticité pour la première fois.
Ces documents concernent finalement 4.600 des recrues étrangères de Daech entre 2013 et 2014, un nombre revu à la baisse en raison des doublons et qui représente 30% des combattants ayant rejoint le groupe terroriste en Syrie durant cette période. C’est déjà beaucoup et cela permet d’en apprendre un peu plus sur ces djihadistes.
Les Belges pas vraiment concernés
Alors qu’il pourrait y avoir plusieurs centaines de Belges au sein de Daech selon Pieter Van Ostaeyen, ces documents ne concernent pas vraiment nos ressortissants: seulement 9 sont répertoriés. Ici, la France est le premier pays européen (et le 9e du « classement) représenté avec 128 combattants dans les rangs de Daech dans les documents analysés. Impossible de tirer des conclusions par contre, puisque ces documents ne représentent qu’un échantillon des combattants de Daech, qui seraient entre 20.000 et 30.000 en tout.
Départ au djihad: La France en 15e position des nationalités mais 9e des pays de résidence #Daeshleaks pic.twitter.com/X2RDjVWGzZ
— Philippe Berry (@ptiberry) April 19, 2016
Des jeunes avec une bonne éducation
L’âge moyen des recrues de ces documents est 26-27 ans. Un gamin de 12 ans est tout de même concerné. Parmi ces engagés, 60% étaient célibataires si on en croit leur réponse au questionnaire. 1.371 assurent avoir reçu une éducation secondaire et 1.928 une éducation supérieure.
Parmi les recrues concernées il y aurait quand même un diplômé de la fameuse université anglaise de Cambridge, un diplômé en médecine, une personne avec une expérience de chimiste ou… un ancien sniper dans l’armée. 741 se sont arrêtés à l’école primaire toutefois. La grande majorité avait des emplois peu qualifiés. Le CTC évoque une certaine « frustration » pouvant expliquer la motivation de ces nouveaux djihadistes.
Enfin, tous ne sont pas des néophytes: 10% assurent avoir déjà une « expérience » dans le djihad.
Pas beaucoup de candidats pour devenir un kamikaze
Sur les fiches que les nouveaux combattants de Daech doivent remplir, ils doivent indiquer le ou les postes qu’ils souhaitent occuper. Et dans les documents qui ont fuité, il n’y a pas beaucoup de personnes qui souhaitent devenir kamikaze: leur nombre représente seulement 12% des candidats « étudiés » ici. C’est très peu, alors que 89% d’entre eux ont coché en priorité « combattant ».
« Bien que Daech ait besoin de kamikazes, il a également besoin de personnel pour remplir des fonctions plus conventionnelles, comme soldat, membres de la police religieuse, des services de sécurité ou fonctionnaires », note ainsi le rapport.
Dans les fiches consultées on retrouve notamment celle de Mohamed Belkaïd. Soupçonné d’être impliqué dans les attentats de Paris, il a été abattu lors de la perquisition de la police à Forest le 15 mars dernier. Sur sa fiche, il avait indiqué être prêt à mener une attaque suicide.
Selon les #Daeshleaks, Mohamed Belkaïd, impliqué dans le 13 novembre, était enregistré comme kamikaze potentiel. pic.twitter.com/Eatuhe7YVT
— Romain Caillet (@RomainCaillet) March 19, 2016
Source: CTC, 20 Minutes