Coup de boost pour la vignette automobile en Wallonie: quelles conséquences?

La vignette automobile vient de gagner du terrain en Wallonie. La bonne nouvelle pour la majorité MR-cdH est venue de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE). Elle vient en effet de rejeter un recours de l’Autriche contre l’introduction d’une vignette en Allemagne. La Wallonie veut se baser sur le même modèle et faire payer les usagers étrangers.

« La vignette auto va enfin pouvoir être instaurée en Wallonie! Objectif: qu’elle soit neutre pour les Wallonnes et les Wallons via la suppression de la taxe de mise en circulation. Seuls les utilisateurs étrangers en transit sur notre réseau la paieraient » se félicite Dimitri Fourny (cdH), plutôt enthousiaste.

Le chef de groupe des humanistes en Wallonie réagit ainsi à une décision de justice venant de la CJUE. L’institution européenne vient en effet de rejeter le recours déposé par l’Autriche contre la nouvelle redevance d’utilisation du réseau autoroutier allemand, un système comparable à celui que la Wallonie entend mettre en place.

Double vignette

L’introduction d’une vignette est une proposition de la majorité MR-cdH. Déposée en juin dernier, elle sera discutée lundi prochain. La Cour européenne estime que les autorités allemandes « ont entièrement le droit de considérer que le coût du réseau autoroutier, supporté jusqu’à présent principalement par ses contribuables, doit être partagé de manière équitable par tous les usagers, y compris les conducteurs de véhicules étrangers ».

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement? Le modèle allemand prévoit en fait deux vignettes. De longue et courte durée. Celle de longue durée est octroyée aux usagers récurrents, soit les nationaux. Les vignettes de courte durée, moins chères, donnent accès au réseau routier pour une durée de 10 jours ou de deux mois.

L’objectif est de transposer ce système aux routes wallonnes. Mais il ne devrait toutefois pas vraiment profiter à ton portefeuille: il s’agira de réduire la taxe de circulation pour un montant qui équivaut au prix de la vignette de longue durée. Par contre, les habitants en zone rurale peuvent se réjouir: la perspective d’une taxe kilométrique, appliquée aux véhicules de plus de 3,5 tonnes, s’éloigne pour les voitures.

La Flandre, la FEB et la Febiac sont contre

On sait que la FEB (fédération des Entreprises de Belgique) et la Febiac (Fédération belge de l’Automobile & du Cycle) poussent depuis longtemps pour obtenir une telle taxe. Car elle permettrait selon eux de mieux correspondre aux kilomètres parcourus par chacun. Avec un système de récompense pour ceux qui éviteraient les heures de pointe, elle pourrait désengorger nos routes. Le cdH n’y a jamais été favorable, car le parti défend le milieu rural, souvent obligé de se déplacer en voiture.

Mais donc, ça changerait quoi, l’introduction de cette vignette? Pas grand-chose, si ce n’est que ce système prendrait en compte certains critères environnementaux. Il récompenserait les usagers possédant des véhicules moins polluants.

Le principal gain devrait revenir à la Région wallonne. Avec les recettes de la vignette de courte durée, payée principalement par les usagers étrangers, Dimitri Fourny suggère d’investir dans les transports en commun: « Le nombre de lignes de bus pourrait ainsi être augmenté, leur fréquence pourrait être revue à la hausse, tout comme le nombre de voies réservées au covoiturage. » Le but est aussi de rendre plus écologique le parc public de transport.

Un seul hic: pour que la mesure passe, elle devra faire l’objet de concertation entre les entités fédérale et fédérées. Or, au nord du pays, on est plus en faveur d’une taxe kilométrique, comme le suggèrent la FEB et la Febiac. Le ministre flamand de la mobilité, Ben Weyts (N-VA), n’y va pas par quatre chemins: « Ce n’est pas une initiative en matière de mobilité, mais une initiative fiscale. Une vignette est une taxe idiote sans vision en matière de mobilité. » Une taxe compensée toutefois.

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