« Coming out » et « Outing »: pourquoi il est primordial de faire la différence

Le Coming Out Day, c’est aujourd’hui. L’occasion de rappeler l’importante différence entre « coming out » et « outing ».

Ce 11 octobre marque le Coming Out Day. Une journée pour célébrer ceux et celles qui ont décidé d’annoncer à leur famille, leurs amis ou la terre entière leur orientation sexuelle ou identité de genre, qu’ils ou elles soient gays, lesbiennes, bis, transgenres, pansexuel.le.s, etc.

Il est important cependant de rappeler une différence qui semble ne pas toujours être claire pour certain.e.s. Si le coming-out est une décision personnelle, un acte qui est loin d’être obligatoire et une intention qui doit venir de la personne concernée avant tout, un outing est un acte qui mérite d’être abordé, tant il peut être dangereux et sous-estimé.

Être outé, c’est, quand on est une personne toujours « dans le placard », avoir son orientation sexuelle ou identité de genre révélée au grand jour, sans son consentement, à ses collègues, sa famille ou encore le reste du monde.

Si certain.e.s ne voient pas le problème, ce genre d’acte peut gravement affecter la personne concernée. Il n’empêche que l’outing est souvent considéré comme un acte léger, parfois même une aide bienveillante pour la personne qui « n’oserait pas s’assumer ».

L’outing, un acte qui peut être fatal

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Il y a quelques jours, un jeune adolescent de 16 ans a ôté sa vie après que ses camarades de classe l’aient outé sur Internet. Avoir l’obligation de parler de son orientation sexuelle ou de son identité de genre alors que l’on n’est ni prêt, ni qu’on en a l’envie, est terriblement dangereux.

L’un des exemples d’outing les plus impressionnants de ces dernières années nous vient de la version américaine de Koh-Lantah, Survivor. En 2017, alors que les participants à l’émission doivent choisir celui ou celle qui devra quitter l’aventure, l’un d’entre eux, Jeff, propose de virer Zeke qui en est à sa deuxième participation. Ce faisant, il lui demande, avec pour but de montrer à quel point Zeke n’est pas une personne fiable: « Mais pourquoi n’as-tu dit à personne que tu es transgenre? »

C’est l’effarement. Zeke reste sans voix, les autres participants commencent à s’énerver face à la question de Jeff, puis le présentateur finit par intervenir en rappelant la gravité de ses actions: il vient de l’outer non seulement devant les autres participants sans son consentement, mais aussi des millions d’autres téléspectateurs. L’épisode finira par être diffusé avec l’accord de Zeke, mais Jeff ne fera plus partie de l’aventure.

Violer l’intimité de quelqu’un

L’outing est bien différent du coming out: révéler une partie de la vie personnelle d’une personne est une intrusion dans son intimité et un manque de respect flagrant, qui peut s’avérer très dangereux. Ce serait comme demander à une personne transgenre à quoi ressemble son appareil génital. Qui irait faire ça?

Outer quelqu’un qui a déjà fait son coming out est aussi possible. Si de plus en plus, beaucoup osent assumer leur orientation sexuelle ou identité de genre dans le cercle privé, les statistiques montrent que faire son coming out dans le cadre professionnel est largement évité; aux dépends d’un lieu de travail sécurisé.

La peur de l’outing sur le lieu de travail

Une récente étude du TUC (Trades Union Congress) a révélé que deux tiers des employé.e.s LGBT n’osaient pas se plaindre de discrimination ou de harcèlement par peur d’être « outé » au reste de leurs collègues par leur manager. Un outing qui pourrait conduire à bien plus de harcèlement et de discrimination.

Alors, mieux vaut connaître la différence. Non seulement pour préserver qui que ce soit de lui faire subir un « outing », mais aussi car de plus en plus, ce genre de termes qui proviennent de la communauté LGBTI+ sont repris dans le langage commun. Récemment, Michel Onfray, philosophe français, a affirmé faire son « outing » politique en appréciant les propositions d’Asselineau (UPR). Un témoignage flagrant de la méconnaissance du terme de la part du philosophe, remarqué entre autres par Marie Kirschen, rédactrice en chef des Inrocks web.

Il n’y a que des bonnes raisons à choisir personnellement de faire ou non son coming out. Il n’y en a pas d’outer quelqu’un. Connaître la différence est d’autant plus important en ce Coming Out Day, célébré partout sur les réseaux sociaux.

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