Plus tôt cette semaine, les conditions de travail et de rémunération des livreurs de chez UberEats ont été dévoilées, et c’est pas tout rose tout rose. Non seulement, le boulot n’est pas évident, mais en plus, la société semble utiliser des pratiques pas très légales. Mais est-ce que c’est pareil quand on travaille chez Deliveroo? Peut-on commander sans culpabilité nos pizzas, sushis and co? Newsmonkey, s’est posé la question.
BRUZZ a envoyé un journaliste pendant quatre mois jouer le livreur chez UberEats. Et bosser pour une des filiales d’Uber, c’est clair que ce n’est pas une partie de plaisir.
Sans aucune consultation ou communication, Uber a décidé de passer à un système où les livreurs sont payés à l’heure et à la commission. Tous les coursiers ont dû choisir entre deux statuts: celui d’indépendant ou de P2P, « pair à pair ». C’est un régime fiscal favorable pour les personnes qui travaillent dans le secteur de l’économie collaborative. Il n’y a pas de TVA ou de cotisations sociales à payer. Le travailleur doit seulement verser un précompte professionnel de 10%. Mais cette loi a été retardée et n’est entrée en vigueur que le 1er mars.
Bref, pas très légal tout ça. Il était donc temps, selon nous, de voir si l’autre grand acteur du marché, Deliveroo était « as bad » qu’UberEats.
« Très facile »
Commençons par le plus important, parce que, soyons honnêtes, tu fais toujours un taf pour l’argent qu’il te rapporte. Les étudiants jobistes gagnent 9,98 euros brut par heure, même s’ils ne font aucune livraison. Ceux qui bossent en tant qu’indépendant, sont payés 11 euros par heure, et reçoivent 2 euros en plus par livraison.
Deliveroo encourage évidemment ses employés à livrer autant de repas que possible. « Si tu fais trois livraisons en une heure, tu peux gagner 1,5 euro en plus. Si tu en fais encore plus, alors tu reçois encore 1,5 euro par commande livrée », a déclaré un travailleur étudiant. « Quand tu en fais plus de 50 en deux semaines, alors tu reçois aussi un bonus de 25 euros. »
« Ce n’est pas très difficile d’arriver à trois livraisons par heure », a expliqué un coursier qui bosse toujours chez Deliveroo. « Souvent, tu ne dois vraiment pas aller loin avec ton vélo. Parfois, tu peux avoir deux livraisons en même temps, à apporter dans la même rue. » Un étudiant ajoute aussi: »Il y a toujours beaucoup de demandes le soir et le week-end. Donc, tu atteins facilement des chiffres pour pouvoir avoir des bonus ».
Full pourboires
En plus, les livreurs gardent 100 % des pourboires qu’ils reçoivent. « Les gens sont plus enclins à donner des pourboires aux livreurs qui sont à vélo, surtout s’il fait mauvais », a expliqué un étudiant qui travaillait pour Deliveroo. « Certaines fois, j’ai gagné plus de 10 euros en pourboire, ce qui est en fait comme si j’avais travaillé une heure de plus. » Le salaire de base en lui-même n’est pas top. Mais avec les bonus et les pourboires qui comptent complètement pour le coursier, ça revient à plus ou moins 11 euros par heure pour un étudiant, ce qui n’est pas mal.
Chez Uber, ça a été prouvé, les conditions de travail ne sont vraiment pas au top. Apparemment, ça a aussi été un peu le cas chez Deliveroo à un moment, mais ils ont fait beaucoup d’efforts pour chercher autant d’améliorations que possible. « Ils pensent vraiment au personnel », déclare un étudiant jobiste. « Ils ont même une fois eux-mêmes distribué des soupes aux coursiers qui travaillaient parce qu’il faisait froid. »
« S’il pleut, il faut juste faire avec »
En Belgique, Deliveroo ne travaille qu’à vélo et est donc 100% vert. C’est un choix évident, explique le directeur marketing Charles Van Den Bogart: « En Belgique c’est de toute façon plus efficace de tout faire à vélo. En plus, c’est plus intéressant économiquement et il y a évidemment aussi un aspect écologique. »
Tout faire à vélo, ça doit être parfois rebutant quand même, surtout s’il drache à mort. « S’il fait beau, c’est vraiment cool de bosser. Du coup, tu dois juste faire avec quand il pleut », relativise un étudiant.
Deliveroo insiste sur le fait que leurs livraisons arrivent toujours dans la demi-heure. Si ce n’est pas le cas, alors il y a de temps en temps des plaintes. Il faut dire que les coursiers sont toujours bien assistés par le système de Driver Support. « Une fois j’avais reçu la mauvaise adresse, du coup je me trouvais de l’autre côté de Gand. Un autre coursier a directement été envoyé à ma place, pour que la commande soit toujours chaude en arrivant. » Les modérateurs sont en contact permanent avec les livreurs. « Tu peux toujours envoyer un message si tu as un problème. Si tu mets trop de temps pour ta course, ils te demandent aussi s’ils peuvent faire quelque chose pour t’aider. »
Illégal?
L’enquête menée par BRUZZ a révélé que UberEats utilisait un statut pour ses travailleurs indépendants qui n’était pas très tout net. En fait, il était plutôt illégal. « Chez nous, c’est toujours 100% conformément à la loi. Nous avons même participé à la création de projet de loi », a déclaré Van Den Bogaert. « Mais si un jour nous utilisons le P2P statut, dont il est question ici, c’est une question pour nos avocats. Notre activité fonctionne bien maintenant, donc il ne faut pas encore changer tout de suite. »
Payé pour suer sur un vélo
Le principal atout de ce job de coursier, c’est que c’est très flexible. « Surtout pour les étudiants, c’est facile de savoir quand tu peux travailler. Tu peux travailler entre ou après tes cours. Pendant tes examens, tu peux par exemple faire une pause », explique un étudiant, qui a aussi opté pour ce job. Pour Deliveroo aussi c’est important: « Le travail flexible c’est la clé pour nous! » déclare Van Den Bogaert.
L’esprit d’équipe rend le job encore plus chouette: « Quand c’est un peu plus calme, on se pose toujours ensemble à la halle de Gand. C’est vraiment cool », explique un livreur gantois. Certains voient le vélo aussi comme l’opportunité de faire un peu de sport: « Je ne vois pas que je bosse. Je pourrais aller suer sur un vélo à la salle de sport, mais chez Deliveroo tu es simplement payé pour le faire. Idéal non? »
Deliveroo, qui opère déjà dans quatre villes avec plus de 2.500 coursiers, compte encore bien s’élargir et est donc constamment à la recherche de nouveaux livreurs. Donc ceux à qui ça dit n’ont qu’à contacter Deliveroo ;-).