Prenez un flic pourri, des diplomates pas très honnêtes, des centaines de kilos de farine et de cocaïne et tout cela vous donne cette enquête incroyable menée depuis 2016 au sein de l’ambassade russe en Argentine. Cette enquête a révélé l’existence d’un trafic transitant par l’établissement diplomatique.
Après plus d’un an d’enquête et de travail conjoint, la Russie et l’Argentine se félicitent ouvertement: ils ont saisi près 400 kg de cocaïne et ont réussi à arrêter plusieurs pions d’un trafic de cocaïne partant d’Amérique du Sud pour inonder l’Europe de l’est, voir plus. Si le réseau de trafiquants est loin d’être démantelé, l’histoire qui a menée à ces révélations vaut son pesant de curiosité.
En 2016, l’ambassadeur de Russie en Argentine, Viktor Koronelli, contacte les autorités locales pour leur signaler que des trafiquants tentent d’envoyer 16 sacs de cocaïne depuis l’ambassade russe de Buenos Aires. « Il s’agit d’un groupe de narcotrafiquants qui essayait de se servir du courrier diplomatique de l’ambassade de Russie » pour expédier la drogue en Europe, a déclaré jeudi 22 février la ministre de l’Intérieur argentine Patricia Bullrich.
Remplacée par de la farine
Afin de tenter de savoir qui était à la tête de ces opérations, la police argentine et la Russie décident d’agir conjointement dans l’ombre. Plutôt que de saisir la drogue, ils remplacent les 385 kilogrammes de cocaïne par de la farine. « La cocaïne a été remplacée par de la farine et des balises ont été placées à l’intérieur afin de pouvoir surveiller la transaction et démanteler l’organisation », précise Patricia Bullrich.
Durant les mois suivants, les narcotrafiquants vont tenter à plusieurs reprises de faire partir le chargement pour l’Europe. Certains membres du réseau travaillant à l’ambassade ont ainsi tenté de faire partir la cargaison de coke dans la « valise diplomatique ». Mais c’est finalement le gouvernement russe qui va favoriser le voyage de la poudre, soit la farine que les trafiquants prenaient toujours pour de la coke.
50 millions d’euros
Le 12 décembre 2017, l’avion diplomatique part pour Moscou. La surveillance des seize paquets permettra d’arrêter six personnes liées au trafic, explique Reuters. Parmi eux, il y avait un policier argentin, un Russe qui avait obtenu la nationalité argentine avant d’intégrer la police. D’autres personnes impliquées dans le stratagème ont été arrêtées en Russie mais le chef du trafic est toujours en fuite.
Quant à la drogue « d’une très grande pureté », sa revente aurait pu rapporter aux narcotrafiquants la coquette somme de 50 millions d’euros. De quoi s’acheter une nouvelle vie.
A las 13hs presentamos una operación internacional de alta jerarquía con funcionarios envueltos en el tráfico de 385kg de cocaína entre BsAs y Moscú. Trabajo en equipo con los jueces Taiano, Ercolini e Iglesias, los Minseg de Rusia y Arg, la Gendarmería y la Policia Nac. de Rusia pic.twitter.com/0IGnWFkDI2
— Patricia Bullrich (@PatoBullrich) 22 février 2018