Charles Michel présente la démission de son gouvernement: et maintenant?

Voilà une semaine que le gouvernement Michel II est plongé dans une crise profonde. On va (enfin) en connaître l’épilogue. Après le dépôt d’une motion de méfiance du PS/SPA soutenue par les écologistes, Charles Michel constate qu’il « n’a pas été entendu » et qu’il se rend « immédiatement » chez le roi pour présenter la démission de son gouvernement. Mais c’est quoi la suite du programme?

Le MR et la N-VA, c’était définitivement terminé sous cette législature. Les quatre exigences des nationalistes – issues pour trois d’entre elles, disent-ils, d’un préaccord de la Suédoise (les fameux « cahiers Atoma ») – ont été balayées de la main ce lundi par le Premier ministre.

« Charles Michel vient de claquer la porte des négociations avec la N-VA », a réagi dans la foulée Peter De Roover (N-VA), chef des nationalistes à la Chambre. La conséquence est devenue évidente aux yeux de tous: c’est à gauche que le gouvernement minoritaire Michel II devait trouver un soutien. Un soutien pour lui permettre d’avancer à la carte, dossier par dossier.

Ce soutien, Charles Michel est venu le demander ce mardi à la Chambre. Pas via une motion de confiance, comme l’exigeait l’opposition, mais en tendant la main aux socialistes et aux écologistes. Le Premier ministre a en effet promis un tournant dans sa politique, notamment au niveau environnemental et social.

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Motion de méfiance et démission

Mais ce changement de cap est intervenu trop tard pour les socialistes. « Un grand show pour sauver sa peau », tweetait Karine Lalieux (PS), quelques minutes à peine après le discours du Premier ministre. Une bonne heure plus tard le couperet tombait: Le PS et le SP.A déposait une motion de méfiance, soutenue par les Verts. Elle devait être votée ce jeudi en séance plénière.

Mais Charles Michel a pris les devants: constatant que « (s)on appel n’avait pas été entendu », il a pris la décision de se rendre « immédiatement chez le roi » pour présenter « la démission » de son gouvernement.

Particularité de notre constitution, c’est en effet le roi qui va maintenant jouer un rôle déterminant. Trois choix s’offrent à lui: 1) Accepter la démission du gouvernement qui poursuivra les affaires courantes jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement. 2) Accepter la démission et dissoudre les chambres, ce qui provoquera des élections anticipées dans un délai de 40 jours. Il faudra pour cela l’accord du Premier ministre car il est le seul à pouvoir déposer une motion de dissolution. Cette motion devra recevoir le soutien d’au moins 72 députés. 3) Laisser la démission en suspens et consulter pour temporiser.

Une quatrième option existe: le roi a également le choix ne pas accepter la démission du gouvernement. Dans ce cas de figure, le gouvernement minoritaire poursuivrait ses activités. Mais nous serions plongés immédiatement dans une nouvelle crise à l’issue encore plus incertaine. On se dirige donc vers l’option 3. Le roi va rencontrer les présidents de parti dès ce mercredi.

Le MR affaibli

Jusqu’au bout, les socialistes auront fait durer le suspense. Car les mots d’Elio Di Rupo à l’issue du discours du Premier ministre laissaient présager un délai de 48 heures, afin que Charles Michel puisse clarifier le changement de cap annoncé. Mais l’interruption de séance aura été fatale à Michel II: des négociations intenses entre chaque groupe politique auront fait pencher la balance en faveur d’une motion de méfiance.

Le gouvernement Michel, et singulièrement le MR, aura subi quelques affronts durant cette crise politique: la chute du gouvernement Michel I, la perte du soutien de la N-VA au parlement et l’humiliation de devoir séduire la gauche. Il se dit également que la volonté de Charles Michel de se rapprocher du programme des socialistes, pour sauver sa peau, n’a pas forcément plu à l’Open VLD. Le PS et le sp.a rejettent d’ailleurs la faute sur les libéraux flamands. Au moment décisif, ils auraient fait capoter le tout.

Le message adressé aux citoyens risque en tout cas d’être compliqué à entendre. Et ce, même si ce n’est pas le MR qui a déclenché cette crise. Un MR plus isolé que jamais et pas forcément brillant dans les sondages. Côté flamand, certes la N-VA est elle aussi isolée. Mais son message politique – contre le pacte migratoire- aura eu le mérite d’être bien compris par la base du parti.

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