Charles Michel défend l’action de ses troupes devant la Chambre: un gouvernement « de cohésion sociale »

C’était la rentrée des classes à la Chambre, et tout le monde, sans exception, avait mis son joli costume pour écouter Charles Michel. Le Premier ministre a présenté sa déclaration gouvernementale qui fait le bilan de l’année écoulée, tout en se projetant sur l’avenir. Autant le dire tout de suite: on s’est un peu ennuyé. On ressort aussi avec cette impression que tout va bien comme dans le meilleur des mondes, chiffres à l’appui. Mais quand Charles Michel loue l’action d’un gouvernement « solidaire » et de « justice sociale », les bancs de l’opposition ont du mal à se contenir.

« Jobs, jobs, jobs »: Charles Michel a de nouveau entonné son refrain préféré. Devant une assemblée au grand complet (même De Wever et Lutgen étaient là), en ce deuxième mardi du mois d’octobre, jour qui célèbre la rentrée politique du gouvernement fédéral, le premier ministre a prononcé la déclaration gouvernementale.

Le Premier ministre tire un bilan positif de l’année écoulée alors que la majorité MR-CD&V-N-VA-OpenVLD entame sa quatrième rentrée. Coûte que coûte, le gouvernement Michel poursuivra son action. Et ce ne sont pas les élections communales de 2018 ou les législatives de 2019, dit-il, qui viendront perturber l’action de son gouvernement: « Les gens n’attendent de nous qu’une chose: que nous gouvernions, gouvernions et encore gouvernions. Nous continuerons à gouverner, jusqu’au dernier jour et à la dernière minute. Le moteur de la réforme ne peut pas s’arrêter. »

Plus de jobs

Dans sa (longue) déclaration, le Premier ministre a loué la prospérité dont bénéficie, à ses yeux, notre pays. Une batterie de chiffres nous est servie sur un plateau: 4,8 millions de personnes ont un emploi en Belgique, « le chiffre le plus élevé jamais enregistré ». Le taux d’emploi repart aussi à la hausse après une stagnation de 5 ans. En 2016, la croissance des entreprises est à son plus haut point depuis la crise: « Pour une faillite, dix nouvelles entreprises ont été créées.

Par ses différentes réformes, le gouvernement pense avoir également favorisé l’émergence de nouveaux entrepreneurs: « Le nombre d’indépendants dépasse maintenant le million. Chaque mois, 1.000 indépendants se lancent sur le marché ». La sacro-sainte croissance est aussi de retour, au-delà des prévisions. Et la compétitivité de nos entreprises ressort boostée de quatre années sous Michel: les charges patronales sont passées de 33% à 25%. Salve d’applaudissements dans les rangs de la majorité.

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Justice sociale, ah bon?

La création d’emploi qui en résulte pousse Charles Michel à dire que son gouvernement est aussi un gouvernement de « justice sociale ». L’opposition est nettement plus réservée et quelques voix s’élèvent dans l’assemblée, sans toutefois interrompre la déclaration du chef de l’État.

Une petite gorgée d’eau plus tard, Charles Michel entame son plaidoyer, dans un néerlandais pas toujours fluide: « le taux de chômage est un problème qui dort depuis de trop nombreuses années. La différence entre l’allocation de chômage et le salaire le plus bas est trop réduite. C’est pourquoi nous avons décidé d’augmenter ce salaire net ».

Une façon de récompenser ceux qui travaillent. Pour un salaire brut de 1.500 euros par mois, cela représente une augmentation de 126 euros nets par mois. Pour un salaire brut de 3.400 euros par mois, le taxshift, l’indexation et les négociations interprofessionnelles ont augmenté le salaire net de 1902 euros par an. Soit « un treizième mois pour les bas et les moyens salaires, c’est de la justice sociale. »

Après le chantier de la prospérité, le gouvernement Michel l’assume, il est et sera un gouvernement de la « cohésion sociale ».

Oui mais pour ceux qui ne travaillent pas, où est la justice sociale, où sont les mécanismes de solidarité? Ecolo et PS fustigeaient récemment le fait que les allocations sociales n’atteindraient pas le seuil de pauvreté. Qu’a fait le gouvernement en faveur des plus démunis?

« Le revenu d’intégration sociale a été augmenté à cinq reprises depuis l’entrée en fonction de ce gouvernement. Nous faisons mieux que le gouvernement précédent ». Une augmentation de 100 euros pour une famille à charge, de 75 euros pour un isolé et de 50 euros pour un cohabitant. Le budget des CPAS a également « été revalorisé à trois reprises pour un montant de 92,4 millions d’euros ». Ils seront bien utiles tant le nombre d’inscrits au CPAS a explosé, particulièrement chez les jeunes.

Charles Michel a également fait le constat de la crise du Samusocial, et il promet de renforcer les efforts pour mieux soutenir les sans-abris. Enfin, la reconnaissance automatique des droits sociaux sera implantée « de manière progressive ». Pas plus de précision à ce sujet.

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L’opposition reste dubitative

Devant toutes ces belles promesses, l’opposition reste circonspecte. Elle ne manquera d’ailleurs pas de se faire entendre dans les jours à venir. Les débats auront lieu dès demain à la Chambre.

Mais en coulisse déjà, la grogne se fait entendre. Jean-Marc Nollet nous glissait juste avant la séance que ce gouvernement était justement celui « du manque de cohésion sociale ». Un manque de cohésion symbolisé par les sorties des différents ministres et qui « provoquent des divisions », Theo Francken et Zuhal Démir étant clairement visés. De plus selon lui, le gouvernement Michel ne se préoccupe « pas du tout » des exclus du système, contrairement à ce qu’on a pu entendre aujourd’hui.

Les jours à venir nous apporteront plus de réponses.

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