Finalement non, tous les Belges ne recevront pas de comprimés d’iode pour se protéger en cas de catastrophe nucléaire. Le gouvernement a décidé de ne plus suivre les recommandations du Conseil supérieur de la Santé et de l’AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire). Il faudra habiter max à 20 km d’une centrale pour en bénéficier. Et pourquoi ce volte-face? Parce que cela coûterait trop cher!
Nos centrales nucléaires sont fissurées, elles s’arrêtent quand ça leur chante, elles tombent en panne… L’été dernier, le Conseil supérieur de la Santé et l’AFCN (l’Agence fédéral de contrôle nucléaire) recommandaient donc de distribuer des comprimés d’iode aux personnes qui habitent dans un rayon de 100 kilomètres autour des centrales… Mais finalement non, changement de programme.
Selon la Dernière Heure, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a indiqué dans la note de politique générale du 28 octobre que les comprimés d’iode ne seront distribués qu’à « des groupes cibles prioritaires ». Autrement dit: à très peu de gens.
Et pourtant, s’il y a une catastrophe nucléaire, avaler cette pilule est la seule manière de protéger son organisme de la réactivité. Du coup, il faudra tirer son plan tout seul. Il faudra soi-même se rendre dans un centre de distribution régional ou provincial. Mais qui pensera réellement à le faire?
Pourquoi? Pas assez d’argent!
La raison de cette limitation est d’abord budgétaire. Par manque d’argent, Jambon a décidé de limiter la prédistribution à des « groupes cibles prioritaires ». Autrement dit: les écoles et certains sites spécifiques.
Par contre, ceux qui habitent dans un rayon de 20 kilomètres autour d’une centrale recevront tous cette pilule. Sur ce point, pas de changement.
C’est « scandaleux » pour Écolo
Le député Écolo Jean-Marc Nollet a reçu la nouvelle avec stupéfaction et compte bien interpeller Jambon quand il présentera cette nouvelle mesure en commission parlementaire. Pour lui, c’est tout simplement « scandaleux »: « Une fois de plus, le gouvernement fait primer la rentabilité d’Electrabel au détriment de la sécurité élémentaire des citoyens belges […] En refusant d’offrir la protection minimale à sa population, le gouvernement fait tout l’inverse de ce qu’il devrait faire. Il est profondément illusoire d’imaginer qu’en cas de catastrophe chaque Belge se rende dans un centre de distribution régional ou provincial. Je ne peux accepter que, pour quelques millions d’euros de gagnés par Electrabel, on sacrifie ainsi la protection de la population. »
Et il rappelle: « La Belgique possède et est entourée d’une vingtaine de centrales nucléaires. Certaines sont fissurées (Doel 3 et Tihange 2), d’autres ont atteint leur durée de vie initialement prévue (Tihange 1, Doel 1 et Doel 2), une a même été sabotée (Doel 4) ».
Et pourtant, les risques pour la santé sont bien réels…
Du côté des scientifiques, la nouvelle passerait mal aussi. Beaucoup pensent que les risques liés au nucléaire sont systématiquement sous-estimés par l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA). Et surtout que les dangers que courent la population sont toujours très élevés.
Bon ben du coup, il faudra se débrouiller tout seul… ou espérer que le gouvernement revienne sur sa décision.