C’est aujourd’hui le grand show de Charles Michel: le Premier ministre qui a obtenu sa revanche

C’est le deuxième mardi d’octobre que l’année parlementaire commence et que le Premier ministre, Charles Michel (MR), fait son discours sur l’état de l’Union. Résultat, le Premier ministre triomphe: l’économie se porte bien et le gouvernement a signé un accord ambitieux durant l’été. Michel met aujourd’hui les points sur les i. 

Ça faisait longtemps que le premier ministre n’était plus arrivé complètement détendu pour son discours sur l’état de l’Union. C’est en fait lié à une question de timing: Charles Michel a déjà organisé cet été l’accord budgétaire. C’est à ce moment-là que tout est arrivé et que finalement, le Premier ministre a conclu un accord important. Au départ, personne n’envisageait un tel succès.

Ce scepticisme est resté pendant longtemps le fil conducteur de la présidence de Michel. Dès le début de son entrée en fonction en tant que premier ministre, les opposants politiques, principalement les membres du PS, avaient annoncé avec grand mépris que cette « coalition kamikaze » n’allait pas tenir plus de quelques semaines. Ce doute s’est fait sentir au sein d’une partie de la presse, qui faisait référence aux conflits entre les partenaires flamands de la coalition.

La sécurité avant tout

Le tournant décisif pour le gouvernement est survenu le 22 mars à Bruxelles, au moment des attentats. C’est à ce moment-là que la sécurité est devenue la priorité numéro un pour le gouvernement et que le MR et la N-VA se sont retrouvés dans un moment de faiblesse. Cela a donné une nouvelle dimension nécessaire à la coalition de centre-droit.

En même temps, le lendemain des attaques fut l’un des moments les plus difficiles pour l’équipe gouvernementale. Dans la nuit du 23 mars 2016, le destin du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), et du ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), ne tenait qu’à un fil. Toute la coalition a commencé à trembler et c’est Michel qui, au final, a maintenu l’équipe ensemble. La situation s’est stabilisée et Jambon et Geens sont devenus des membres solides de l’équipe.

Mais tout de même, le Premier ministre n’a pas toujours eu le contrôle. Lors de la dernière réunion budgétaire, organisée juste avant l’état de l’Union en automne, c’était le chaos total. Kris Peeters (CD&V) s’est mis en colère et finalement, le speech pour marquer le début de l’année parlementaire a dû être reporté.

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« Je n’ai pas peur de la comparaison avec les cinq Premiers ministres précédents »

Les morceaux ont été recollés depuis. Un grand accord a été conclu cet été, contrairement à ce que la presse pensait. C’est pour ça que la réception du 11 juillet à la maison communale de Bruxelles fut si symbolique. Les trois présidents des partis flamands, Bart De Wever (N-VA), Wouter Beke (CD&V) et Gwendolyn Rutten (Open Vld) ont discuté discrètement ensemble dans la cour intérieure. Ils étaient assez éloignés pour ne pas être entendus, mais assez visibles aux yeux de la presse pour faire passer le message.

Et c’est à cette même réception que Charles Michel s’est montré très confiant: « Toutes les deux semaines, j’entends ou je lis dans les journaux que ‘c’est le moment maintenant pour le gouvernement’ ou que ‘c’est une période cruciale’. Donc oui, on peut faire face à la pression… ». Quelques semaines plus tard, il avait conclu un accord.

C’est le 11 juillet aussi qu’il a parlé de la comparaison avec les anciens Premiers ministres: « Je n’ai pas peur de la comparaison avec les cinq Premier ministres précédents. Peut-être que cela parait trop arrogant, mais je pense que nous allons donner un nouvel élan au pays ».

Qui sera son successeur?

Le message que le premier veut faire passer aujourd’hui est le suivant: Charles Michel et son équipe ont donné une nouvelle direction au pays. Et il faut le souligner, les chiffres sont bons. L’économie remonte et les objectifs les plus importants, dont la création d’emploi, ont été atteints.

La question maintenant est de savoir si le mérite revient à son équipe, ou au vent favorable qui souffle pour le moment sur toute l’Europe et les États-Unis. La réponse se situe sans doute entre les deux. Le fait est que les promesses faites concernant le budget n’ont pas toutes été tenues. Le travail n’a pas encore été complètement accompli et l’équilibre n’a pas encore été atteint.

Ce sera le challenge du prochain gouvernement, car personne ne s’attend à de grands changements avec Charles Michel durant l’année électorale de 2018. Se pose la question maintenant de savoir qui sera le prochain Premier ministre. Le CD&V a fait savoir qu’il confierait assurément une deuxième législature à Michel. « Il y a tellement d’incertitudes à ce sujet, c’est presque un jeu de roulette russe. Le Premier ministre a de bonnes cartes en main, mais pas plus que ça. Avant de faire des prédictions, wait and see« . Il faudra d’abord qu’il fasse son discours devant la Chambre correctement.

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