Ce qui s’est passé en décembre, janvier et février dans la région du Pôle Nord a stupéfié les scientifiques. L’hiver est vraiment beaucoup trop chaud, de façon spectaculaire et inexplicable. Il faut sans doute s’attendre à un réchauffement climatique qui à la fin de cette année pourrait bien atteindre pour la première fois 1,5 degrés. Alors qu’il y a trois mois, lors du sommet sur le climat à Paris, ce degré et demi était encore considéré comme le maximum absolu qui peut être atteint au cours de ce siècle.
Il s’agit de températures de 4 à 7 degrés en moyenne plus élevées que la normale, en fonction du lieu. En décembre, les températures sont montées au Pôle Nord au-dessus de la barre du zéro. En janvier, the average near surface temperature au-dessus de l’océan Arctique était en moyenne de six degrés plus élevée que la normale. Et en février, dans de nombreux endroits de la région du Pôle Nord, les températures moyennes étaient même de 16 degrés Celsius trop élevées.
Pas d’hiver cette année
Les climatologues disent que, du moins selon les normes en Arctique, il n’y a tout simplement pas eu d’hiver dans beaucoup de lieux de la région polaire. Les températures de février équivalaient à celles de juin.
Dans l’archipel norvégien Svalbard (Spitsbergen), l’endroit le plus au nord de la Terre habité en permanence, les températures moyennes cet hiver étaient environ de 10 degrés plus élevées que la normale. Depuis le premier décembre, les températures sont montées au-dessus de la barre du zéro pendant presque 30 jours. Il n’a pas fait cet hiver plus froid que -11,9 degrés (le 21 janvier). Alors que normalement la température moyenne avoisine les -15 degrés.
De plus, beaucoup trop peu de neige est tombée partout au-dessus du cercle polaire.
À Nuuk, dans le Groenland, où ont lieu cette semaine les Jeux d’hiver de l’Arctique, de la neige a dû être amenée du nord.
Ces températures ont des conséquences dramatiques pour les glaces polaires. Le 28 février, celles-ci recouvraient 14,5 millions de kilomètres carrés. Ce qui représente 938.000 km² de moins que la normale. C’est-à-dire une région plus de 30 fois plus grande que la Belgique. D’autant plus que la glace qui s’est quand même formée cet hiver est bien plus fine que d’habitude et va donc aussi fondre plus vite.
Un degré et demi
Ce phénomène est d’une telle ampleur que pas mal de climatologues commencent à penser que c’est suffisant pour démarrer un « runaway scenario »: un cycle dans lequel le climat déraille totalement. Les glaces polaires reflètent en effet la lumière du soleil et refroidissent ainsi notre planète. La quantité de glace qui a à présent disparu par rapport au début de l’été est si grande que nous pouvons nous attendre à un réchauffement climatique d’ici la fin de l’année d’un degré et demi. Alors qu’il y a trois mois, lors du sommet sur le climat à Paris, c’était encore considéré comme le maximum absolu qui peut être atteint au cours de ce siècle. Selon un certain nombre de mesures, nous avons d’ailleurs déjà atteint ce degré et demi:
Rain, 40s, and now a (double) rainbow … in Alaska … in February. #akwx pic.twitter.com/2YqLqkPgVP
— Brian Brettschneider (@Climatologist49) 29 februari 2016
Les conséquences sont à l’avenant. À titre d’exemple, l’Iditarod Trail Sled Dog Race, une course légendaire d’environ 1.800 kilomètres de Anchorage à Nome, se déroule tout à fait dans la « pape », pour la deuxième année consécutive. Sept trains doivent pour le moment approvisionner Anchorage en neige pour que le départ puisse quand même avoir lieu, et ce n’est encore que symbolique, car le « prologue » de 50 miles a normalement lieu sur un circuit de tout au plus 4 miles.