La diffusion d’un reportage sur la VRT a mis la Flandre et son monde politique en émoi. Le reportage a dévoilé l’existence d’un groupe de jeunes appelé « Schild & Vrienden », un mouvement conservateur de droite. Des révélations faites hier, est né un mouvement qui dénonce ce groupe avec le slogan « Ce n’est pas ma Flandre ».
Dries Van Langenhove est le leader du groupe « Schild & Vrienden« , »Bouclier et amis » littéralement, un cercle étudiant de Gand que la VRT a suivi pendant plusieurs mois. Le jeune homme est également membre du conseil d’administration de l’université de Gand. La diffusion hier du reportage dans l’émission « Pano« , à la télévision flamande a provoqué un choc au nord du pays. Mais pourquoi? Qui est Dries Van Langenhove, quel est ce groupe qui heurte la Flandre aujourd’hui? Ce matin, Koen Geens (CD&V), le ministre de la Justice, a déclaré dans une interview qu’une enquête avait été ouverte par le parquet de Gand. Ceci donne un aperçu de l’ampleur des réactions face à la diffusion du reportage.
« On pourrait en rire. On pourrait le balayer comme une stupidité. Mais ce serait minimiser les choses. C’est quelque chose qui doit nous inquiéter. Pas ma Flandre, » a réagi le président du CD&V Wouter Beke sur Twitter.
« Un groupe très à droite »
« Schild & Vrienden » est donc un groupe de jeunes Flamands conservateur et très à droite. Le reportage a dévoilé les valeurs qui animent ce groupe, leurs activités et leur vision pour le futur.
Férocement opposés aux « leftists » qu’ils traitent de « rats » (voir affiches ci-dessous), ils sont contre l’accueil des migrants et pour la protection de la culture flamande et la suprématie blanche. Le groupe veut asseoir ses idées et veut contribuer à modifier le système politique en faisant élire ses membres. Mais il appelle aussi ses membres à infiltrer tous les réseaux, à devenir avocat, médecin, ingénieur, pour être partout. Le reportage a mis en lumière des discussions extrêmes et radicales tenues sur un groupe que la VRT a infiltré. Sur ce chat, on peut aussi retrouver des images racistes, antisémites et sexistes d’une violence rare. Elles circulent, sont publiées et commentées par les membres de « Schild & Vrienden ».
Pour eux, il faut être en forme physiquement pour être prêt à se battre car une « guerre des races » pourrait arriver. Le leader, Dries Van Langenhove, est d’ailleurs un adepte du port d’armes et conseille à ses membres de passer leur permis. Le groupe vend également des bombes lacrymogènes sur son site et il est fortement conseillé d’en avoir une sur soi. Bref, racisme, sexisme, antisémitisme voilà les mots qui ressortent de ce groupe. Le recteur de l’université de Gand s’est dit « indigné » après la diffusion du reportage hier sur les ondes de la VRT. Pour voir le reportage en question, c’est ici.
Voici une vidéo que l’on peut visionner sur le site du groupe étudiant:
#PANO filmde massa's positieve beelden. Deze werden naar de prullenmand verwezen omdat ze hun agenda niet dienen. We leggen bloot hoe #VRT door framing en valse insinuaties wil dat jullie de mening van VRT overnemen in plaats van te denken voor jezelf. ? https://t.co/vNtASqNm7o pic.twitter.com/8D16g34yZL
— Dries Van Langenhove (@DVanLangenhove) 5 septembre 2018
On voit les membres de « Schild & Vrieden » perturber une manifestation en faveur d’une immigration plus humaine en Europe. En même temps, on peut aussi entendre le leader du groupe, Dries Van Langenhove, expliquer à la caméra les valeurs de son groupe et les choses pour lesquelles ils se « battent ». Comme celles que nous avons déjà citées plus tôt.
Dans la vidéo on voit également Dries Van Langenhove dire à une journaliste qu’il ne veut pas lui répondre directement et qu’elle doit lui envoyer un email sinon, tout ce qu’il dira sera transformé en « fake news ». Cela témoigne de leur rejet des médias traditionnels. Sur beaucoup d’aspects, les méthodes du « Schild & Vrieden » font penser au groupe Génération identitaire en France.
Sur le site internet du groupe, il y a également la possibilité de faire des achats, notamment des affiches. Mais le ton extrême de celles-ci donne un bref aperçu des positions radicales et violentes du groupe:
« Ce n’est pas ma Flandre »
En Flandre c’est la stupéfaction. Le monde politique se dit choqué que de tels propos peuvent rassembler. Tous ont condamné le groupe extrémiste.
Gwendolyn Rutten, présidente des libéraux flamands, de demander « dans quel pays on vit? »
Wat voor land willen we zijn?
— Gwendolyn Rutten (@RuttenGwendolyn) 6 septembre 2018
Twee pagina’s, twee wereldbeelden, totaal tegengesteld.
Vooruit vs achteruit.
Nieuw vs oud.
Open vs gesloten.
Positief vd negatief.
Gelukkig kiezen steeds meer jongeren voor een nieuwe wereld ? pic.twitter.com/00bfaLTWjR
« (…) si cela tourne à la xénophobie, au sexisme, au racisme et même au négationnisme, alors cela est punissable. »
“We moeten de diversiteit van de samenleving bewaken met respect voor ieder zijn vrije meningsuiting, maar als dat omslaat naar xenofobie, seksisme, racisme en zelfs negationisme dan is dat strafbaar." @Koen_Geens1 over #pano in #deochtend
— CD&V (@cdenv) September 6, 2018
« Nous devons préserver la diversité de la société dans le respect de la liberté d’expression de chacun, mais si cela tourne à la xénophobie, au sexisme, au racisme et même au négationnisme, alors cela est punissable. »
La ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (CD&V), a aussi tenu à exprimer sa désolation:
Diep geraakt over #Pano. De hele week ging het (terecht )over het niveau en lat van ons onderwijs. Vanavond wordt opnieuw pijnlijk duidelijk dat we bovenal nood hebben aan burgerschap. In eindtermen & nog meer in realiteit, als samenleving.
— Hilde Crevits (@crevits) 5 septembre 2018
« Très touchée par Pano. Toute la semaine, on a parlé du niveau de notre enseignement. Après l’émission de mercredi soir, il est douloureusement clair que nous avons avant tout besoin de citoyenneté. »
Zuhal Demir (N-VA), la secrétaire d’État à l’Égalité des chances:
Geen respect voor andersdenkenden, vrouwen, mensen met kleur… Dromen van knokploegen en stoer doen met wapens. Heldhaftig lachen met stervende baby’s. En dan de mond vol hebben over Westerse waarden? Dat is het soort schild en vrienden dat niemand nodig heeft. Zoek hulp!
— Zuhal Demir (@Zu_Demir) 5 septembre 2018
« Aucun respect pour ceux qui pensent autrement. Rêver de gros bras et frimer avec des armes. Rire de bébés mourants et n’avoir que les valeurs occidentales à la bouche? C’est une sorte de bouclier et d’amis dont personne n’a besoin ».
Groen également a tenu à condamner Schild & Vrienden
Haat bestrijd je niet met stilte. Laat je stem horen tegen racisme, discriminatie en seksisme. Van je eigen buurt tot in het parlement. Voor een samenleving waar iedereen zichzelf kan zijn.#pano #schildenvrienden pic.twitter.com/G7aowM088V
— Groen (@groen) September 6, 2018
Au sud du pays, on réagit aussi…
Dans un tweet, Zakia Khattabi a publié des photos où l’on peut voir Theo Francken (N-VA) sur la même photo que des membres du « Schild & Vrienden ». Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration a pourtant lui-même condamné le groupe dès ce matin après la diffusion du reportage sur la VRT. Mais selon la présidente Ecolo, on ne peut pas nier le lien qui existe entre le secrétaire d’État et le groupe étudiant. Le groupuscule a d’ailleurs déjà assuré la sécurité de Theo Francken lors de rassemblements et a appelé à le soutenir. Des liens existent avec les jeunes de la N-VA et du Vlaams Belang.
Le secrétaire d’État a voulu rapidement éteindre l’incendie: « Hier soir, j’ai vu des choses horribles. Ce n’est pas ma Flandre et ce ne sont pas mes valeurs. La jeunesse flamande peut être plus résistante, mais ça signifie qu’il faut lutter ensemble pour nos valeurs, et donc contre le racisme, l’antisémitisme et le sexisme. Une enquête devra montrer qui a posté/liké. »
Ce qui pose question, c’est que des membres de « S & V » se trouvent sur les listes de la N-VA. Même si depuis la diffusion du reportage un membre du groupe s’est retiré de la liste.
La section jeune de la N-VA a condamné le reportage:
Quand on n'a même plus besoin de caricatures… pic.twitter.com/R2uMOahquE
— Zakia Khattabi (@ZakiaKhattabi) 6 septembre 2018
Ik heb gisteren afgrijselijke mensonterende zaken gezien. Dit is niet mijn Vlaanderen en zijn niet mijn waarden. De Vlaamse jeugd mag best weerbaarder zijn maar dat betekent net samen vechten voor onze grondwaarden en dus tegen racisme, antisemitisme en seksisme.
— Theo Francken (@FranckenTheo) 6 septembre 2018
De uitlatingen die #pano liet zien zijn verwerpelijk en kunnen niet door de beugel. In ons Vlaanderen is geen plaats voor racisme, antisemitisme en andere vormen van discriminatie.
— Jong N-VA (@Jongnva) 5 septembre 2018
Tout comme Geert Bourgeois, une des figures de proue du parti nationaliste:
Diep geschokt door de #pano-reportage van gisteravond. Racisme, antisemitisme… walgelijk, strijdig met fundamenten van onze samenleving. Het is nu aan het parket om hier gevolg aan te geven
— Geert Bourgeois (@GeertBourgeois) 6 septembre 2018