Carola Rackete, capitaine du navire Sea Watch 3, libérée par la justice italienne, Salvini furieux

Carola Rackete, capitaine du navire Sea-Watch 3 qui avait pénétré illégalement dans les eaux italiennes et dans le port de Lampedusa avec des migrants à son bord, a été libérée par la justice italienne. Une victoire pour la solidarité, une défaite pour Matteo Salvini qui a ordonné son expulsion

Samedi 29 juin en Italie, le bateau Sea-Watch 3 entre dans les eaux italiennes puis dans le port de Lampedusa. À son bord, une quarantaine de migrants et son capitaine: Carola Rackete. Cette dernière est immédiatement arrêtée et présentée devant la justice puisqu’elle a désobéi aux ordres du gouvernement qui lui interdisaient d’accoster.

Ce mardi 2 juillet, la justice italienne a rendu son verdict: Carola Rackete est libre. En effet, son entrée dans le port de Lampedusa relevait de « l’accomplissement d’un devoir », celui de sauver des vies humaines. Rappelons que les migrants à bord du bateau errait en mer depuis 14 jours.

Un peu d’humanité

Même si elle peut paraitre logique, cette décision de la juge Alessandra Vella, chargée des enquêtes préliminaires au tribunal d’Agrigente (Sicile), n’était pas facile à prendre tant la pression était forte. Mais au final, la juge a choisi l’humanité. La capitaine allemande essuie les critiques et les insultes depuis samedi mais la juge a rappelé qu’elle avait respecté le droit international puisque la Libye et la Tunisie ne sont pas considérées comme des ports sûrs dans le droit de la mer.

Donc oui, Carola Rackete a bien désobéi aux ordres en amarrant à Lampedusa mais elle l’a fait pour respecter le droit international et les conventions signées par l’Italie. Et qu’importe si la capitaine a heurté un bateau de garde-côte, mettant ainsi en péril la vie de ses occupants. La capitaine s’en est d’ailleurs excusée et a plaidé l’erreur de manoeuvre.

Salvini furieux

Une heure après l’annonce de la juge, le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini a fait part de sa colère sur les réseaux sociaux. Ce dernier réclamait évidemment la prison pour la « criminelle allemande », danger pour la sécurité nationale italienne. Il lui a fallu une vidéo de pas moins de 20 minutes pour exprimer tout ce qu’il a sur le coeur et on peut le dire: il en a gros.  « Pour la magistrature italienne, ignorer les lois et éperonner une vedette de la Guardia di Finanza ne suffisent pas pour aller en prison » dénonce-t-il.

Il promet d’ailleurs à la capitaine allemande une expulsion rapide vers l’Allemagne pour qu’elle arrête de mettre en péril la fameuse sécurité nationale. Mais de toute façon, elle n’en a pas encore fini avec la justice car le 9 juillet, elle sera auditionnée dans le cadre d’une enquête pour « incitation à l’immigration clandestine ».

Dans sa vidéo, Matteo Salvini en remet une couche: « Elle retournera dans son Allemagne, où ils ne seraient pas aussi tolérants avec une Italienne si elle devait attenter à la vie de policiers allemands. (…)L’Italie a relevé la tête : nous sommes fiers de défendre notre pays et d’être différents des autres petits dirigeants européens qui pensent pouvoir encore nous traiter comme leur colonie. « 

Victoire de la solidarité

Si la capitaine du Sea-Watch 3 a essuyé de nombreuses critiques et insultes de la part d’Italiens, elle pouvait également compter sur le soutien d’énormément de personnes à travers le monde. Plusieurs pétitions ont par exemple été lancées, récoltant toutes plusieurs dizaines de milliers de signatures.

L’ONG Sea-Watch de son côté, se félicite de la décision de la juge et parle d’une « grande victoire de la solidarité » et et contre « la criminalisation de ceux qui aident, dans de nombreux pays d’Europe ».

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