Le gouvernement Michel doit faire face au défi financier le plus difficile auquel il a jamais été confronté. C’est ce qu’on dit du contrôle budgétaire 2016. Un trou d’à peu près 2 à 3 milliards d’euros a été estimé. Mais plus important: le chemin vers 2018 est sur la table. Le gouvernement se tiendra-t-il à son ambition d’atteindre un équilibre? Rien n’indique que la N-VA a perdu cette ambition, au contraire.
Des nuages sombres surplombent le gouvernement Michel: des recettes décevantes et des économies qui n’atteignent pas une vitesse de croisière donnent un cocktail mortel.
À cela, s’ajoute un déluge de mauvaises nouvelles: le trou dans le budget avoisine les 2 milliards d’euros. Même plus. Le Comité de Monitoring parle de plus de 3 milliards d’euros. Puis l’Union européenne, sous la forme des collègues du ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA), a dû encore s’exprimer. Et les 10 ministres des Finances de l’Eurogroup n’étaient pas tout à fait positifs: la Belgique fait soudainement partie des moins bons élèves de la classe.
Escarmouches en coulisse
Au même moment, la guerre de l’image commence en coulisse. Du côté flamand, deux messages nous parviennent du CD&V et de l’Open Vld. Premièrement: ces recettes décevantes, c’est la N-VA qui devra les expliquer, car leur ministre Johan Van Overtveldt en est responsable. Au CD&V, on insiste sur le fait que de nouvelles taxes sont la solution. Deuxièmement: nous avons déjà épargné, surtout dans la sécurité sociale. Au CD&V, c’est surtout le cas de Kris Peeters au ministère de l’Emploi et à l’Open Vld, c’est Maggie De Block, à la Santé.
La grande conséquence de ne pas plus économiser et d’avoir moins de revenus est que l’équilibre en 2018 devient particulièrement difficile à atteindre. Et ce n’est pas du tout à l’ordre du jour de la N-VA. Les nationalistes flamands ne laissent pas tomber cet équilibre. Seulement ce n’est pas prévu de le crier sur tous les toits, pour la simple raison qu’il ne faut pas. C’est bien fixé dans l’accord de gouvernement, et comme la ministre du budget Sophie Wilmès (MR) l’a indiqué, cette ambition ne peut être abandonnée que si chaque partenaire de la coalition le fait. Ce qui n’est donc pas le cas.
Quid des élections sociales à venir? C’est pas le problème de la N-VA
Les arguments de Peeters et de De Block selon lesquels déjà assez a été fait, ne sont pas déterminés par cet ordre dont la N-VA se fait vraiment l’idée. Épargner davantage, entamer à présent le redressement, est visiblement la tactique. « Il y a toujours une raison d’attendre, de reporter. Pas pour nous. Tu dois persévérer, tu dois faire l’exercice maintenant. »
Les élections sociales à venir ne sont pas une raison pour la N-VA de se retenir. Toutefois, c’est quelque chose qui joue pour le CD&V, qui entretient des liens étroits avec le plus grand syndicat ACV (CSC). Et l’Open Vld n’est pas insensible à cet argument: plutôt pas de victoire retentissante de l’ABVV (FGTB). Ce qui joue dans le timing: les élections communales de 2018. Celles-ci font que la window of opportunity se trouve en 2016. Ne pas oser continuer maintenant avec des économies mènera en 2017 à des tensions qui seront beaucoup plus difficiles à surmonter. Car il ne restera alors plus qu’un an avant les élections.
Le calendrier des négociations budgétaires n’est d’ailleurs pas encore tout à fait fixé. Le Premier ministre a déjà commencé ce weekend. Mais la date limite du 21 mars, sa visite d’état en Chine, qui a récemment circulé dans les couloirs, ne semble pas être un fait établi. Rien ne contraint le gouvernement à le régler d’ici deux semaines, ça devient un lourd travail.