Bienvenue dans la jungle des lobbys: la Commission européenne consulte Big Tobacco « en secret » et ne doit rien dévoiler

« Big Tobacco » vient consulter la Commission européenne? Vous n’allez pas en croire vos yeux. La Commission n’est pas tenue de divulguer quand et à quelle fréquence elle rencontre les lobbys du tabac. Bien que la Médiatrice de l’UE lui ait demandé, la Commission a ignoré cette recommandation.

L’Union européenne dirige une grosse partie de la vie quotidienne des citoyens européens: avec le temps, le pouvoir de la Commission européenne a augmenté de manière incroyable. Et avec cette puissance européenne, la pression des lobbys est également à son comble: l’intérêt économique est tel que de nombreuses industries sont très présentes à Bruxelles.

Les industriels essaient constamment d’influencer les règles. Ainsi, les politiques européennes tentent de rendre ce lobbying le plus transparent possible: qui a parlé avec qui, quel lobby va prendre un café avec quel politicien?

Mais tout n’est pas si transparent. La Commission européenne refuse, malgré cette grande promesse d’ouverture, de dire publiquement combien de fois et avec quels représentants de l’industrie du tabac ses fonctionnaires ont discuté. En outre, elle ne considère pas ses rencontres avec les avocats du secteur comme du lobbying, donc ces réunions ne sont pas soumises aux règles de transparence.

Un modèle de mauvaise gouvernance

Toutefois, la Médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a lourdement critiqué ce manque de transparence, qui est selon elle « contraire aux conventions de l’ONU et un exemple manifeste de mauvaise gouvernance ». Face à cela, la Commission européenne rétorque que comme ces directives s’appliquent sur base « volontaire », ils ne sont pas tenus de les suivre.

O’Reilly n’est pas d’accord: la manière avec laquelle la Commission aborde cette question est « inadequate, unreliable and unsatisfactory« , encore « médiocre, louche et insatiable ». Pour elle, toutes les discussions avec les lobbys du tabac – y compris leurs avocats, ainsi que les comptes-rendus de ces rendez-vous, devraient être rendus publics, estime-t-elle. « Big Tobacco et la manière dont ceux-ci exercent un lobby est totalement sous-estimée », déclare O’Reilly. « C’est une occasion manquée pour le président de la Commission Jean-Claude Juncker d’exercer son autorité ».

Cela fait déjà plusieurs années que les relations entre la Commission et les lobbys du tabac sont vivement critiquées. Ainsi, d’anciens fonctionnaires sont soudainement devenus des lobbys de cette industrie. En octobre 2012, le commissaire John Dalli avait dû quitter sa place suite à son implication possible dans un scandale de corruption avec le lobby du tabac.

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