Barroso fera finalement l’objet d’une enquête: il doit s’expliquer sur son rôle au sein de Goldman Sachs, son nouvel employeur

Suite à de nombreuses pressions et marchandages, José Manuel Barroso, l’ancien boss de la Commission européenne, fera finalement l’objet d’une enquête sur son recrutement chez Goldman Sachs. Pour rappel, la Banque d’affaires surpuissante a aidé la Grèce à cacher sa situation financière pendant des années à la Commission. 

En combien de temps des anciens Commissaires européens peuvent-ils se recaser (et être bien rémunérés) dans une des sociétés de lobbying les plus influentes à Bruxelles et qui pèse sur la Commission? C’est la question cruciale déclenchée par le recrutement surprenant de José Manuel Barroso, ancien président de cette même Commission, auprès de la banque d’affaires Goldman Sachs. Ce recrutement rapide avait suscité de nombreuses protestations au sein des institutions européennes.

Suite à une question posée par la médiatrice Emily O’Reilly à Jean-Claude Juncker, l’actuel patron de la Commission, le Luxembourgeois a demandé l’avis d’un comité d’éthique: « J’ai demandé que, dans cette affaire particulière, parce qu’elle concerne un ancien président de la Commission, le secrétaire général lui envoie une lettre lui demandant de fournir des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat, ce sur quoi je demanderai l’avis du comité d’éthique ad hoc », dans des propos recueillis par l’agence Reuters.

Juncker a cédé

La médiatrice O’Reilly a fait sa demande dans une lettre à laquelle elle a joint une pétition de 140.000 signatures. « C’est le pire moment pour avoir ce genre de symbole dans l’Union et une aubaine pour tous les eurosceptiques. Un ancien président de la Commission est maintenant associé avec la non-éthique et incontrôlée Goldman Sachs », peut-on lire, entre autres, dans cette pétition.

Du coup, Jean-Claude Juncker était soumis à une énorme pression et a finalement cédé. Un comité d’éthique examinera le rôle de Barroso au sein de Goldman Sachs et déterminera s’il a enfreint les lois européennes en acceptant ce job. Officiellement, Barroso doit aider la banque d’investissement aux États-Unis à faire face au Brexit. L’enquête le déterminera ou pas.

Plus tôt, la Commission avait pourtant déclaré qu’il n’y avait pas de problème. Barroso a quitté cette Commission il y a plus de 18 mois, et ça peut s’apparenter à une longue période de refroidissement. Mais maintenant, un comité indépendant composé notamment d’un juge et d’un parlementaire européen va se pencher sur la question.

Dans les coulisses, tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin avec l’UE sont en colère contre Barroso. Son engagement auprès de Goldman Sachs fait pas mal de torts aux parlementaires. Mais la Commission ne dispose pas de beaucoup d’armes pour contrer ce genre de situation. Ici, elle a fait appel à un comité d’éthique ad-hoc, un comité dont le pouvoir, au mieux, consiste à taper sur les doigts. Mais bon, cette enquête est quand même une bonne nouvelle par rapport à toutes ces critiques.

epa
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