Baromètre politique: qui aura la main après le 26 mai?

Les sondeurs ont pris le pouls de la population à un peu plus d’une semaine du scrutin (26 mai). L’aboutissement d’une campagne secouée qui a démarré très tôt. Le PS, sûr de ses forces, poursuit sa remontada. Le MR n’a pas dit son dernier mot et Ecolo confirme. On fait le bilan.

Comme toujours, chaque sondage est à analyser avec prudence. Ce baromètre Ipsos publié par Le Soir– RTL Info a une marge d’erreur de 3,1% en Wallonie et de 4,3% en Flandre et à Bruxelles. Il s’agit d’une photographie, certes proche du scrutin, mais qui ne tient pas vraiment compte des indécis ou de la dernière polémique autour du tract Ecolo. Mais voici ce qu’on peut en dire.

1. Wallonie

Le PS poursuit sa remontée vers son score de 2014 (32% des voix). Il est le premier parti de Wallonie avec désormais 28,5% des intentions de vote. Ils reviennent de loin et parviennent, semble-t-il, à récupérer leurs voix laissées au PTB. Le parti de Raoul Hedebouw est crédite de 9,2% des voix, soit bien loin de ses scores de décembre 2017 quand les sondages lui donnaient 18,9% des voix. Le PS est toujours très fort en campagne, sur le terrain, et a poursuivi son travail de sape autour du « vote utile », cher à Di Rupo: « Une voix au PTB est une voix perdue ». Les affaires sont loin et les socialistes auront probablement la main en Wallonie.

Derrière, le MR se remet en selle. Il déborde Ecolo avec 22,7% des voix contre 19,1%. Les deux meilleurs ennemis de cette campagne sont au coude à coude. Les Verts, en léger retrait, feraient toutefois un score historique dans le sud du pays. Mais la dernière séquence avec le tract Ecolo doit encore produire ses effets. Les indécis pourraient aussi faire pencher la balance.

Pour le reste, le cdH n’est pas mort. Il frôle avec les 10%. Comme souvent, les humanistes pourraient jouer les points d’appui au moment de la formation des coalitions et des exécutifs. DéFI ne parvient pas à s’inscrire véritablement dans le paysage wallon avec ses 3,9%. Le Parti populaire et les Listes Destexhe sont groupusculaires.

2. Bruxelles

À Bruxelles, Ecolo poursuit son rêve vert et reste le premier parti avec 22,9% des intentions de vote. Les Verts, au coude à coude avec le PS (17,3%), semblent cette fois se détacher. Mais là encore la polémique autour du tract doit encore produire ses effets (ou pas d’ailleurs). Le nord de la capitale, traditionnellement rouge, sera un gros enjeu.

De son côté le MR (15,5%) n’y arrive toujours pas. Malgré son travail de dénigrement du programme Ecolo. Pire: leur score serait encore plus faible au niveau de la Région (parlement bruxellois) à hauteur des 12,3%.

Les Verts semblent définitivement avoir la main dans la capitale. Ils pourront s’appuyer soit sur DéFI (13,7%) dont le président Olivier Maingain ne cache pas ses affinités avec les écologistes. Ou sur le cdH qui passe au-dessus du seuil électoral à 6,5%. Le PTB poursuit son objectif de former un groupe politique tant à la Chambre qu’au Parlement bruxellois avec 7,9% des voix. Les Listes Destexhe font ici un peu mieux avec 5,6% des intentions de vote pour 2,9% pour le PP.

Au niveau des partis flamands, Groen et la N-VA dominent les intentions.

3. Flandre

En Flandre, la N-VA poursuit son cavalier seul. En dessous de son score de 2014 (32%) certes, mais à plus de 10% des autres partis (28,1%). Les nationalistes auront la main au nord du pays, cela fait peu de doutes maintenant, ils ne pourront être contournés. La plus belle remontée est à créditer au Vlaams Belang qui après le cauchemar de 2014 (5,8%) remonte à 14,8% des voix, soit le 3e score au nord du pays. Le CD&V fait de la résistance à 17,1% contre 12,1% pour Groen. Les verts flamands semblent un peu caler dans leur progression, voire même en recul. Mais ils feront de toute façon mieux qu’en 2014 avec 8,6%.

SP.a et Open vld sont au coude à coude aux alentours des 11%. C’est tout de même peu pour les deux partis traditionnels, même si les socialistes reviennent des enfers. Ils forment la plus grande famille politique du pays avec l’aide du PS. Le PVDA, l’équivalent du PTB au nord, ne parvient pas à scorer durablement avec moins de 5% des voix.

4. Coalitions possibles

Les projections en sièges commencent à affluer. On peut commencer à imaginer ceux qui auront la main dans chaque région et les coalitions les plus probables. En résumé, Le PS a la main en Wallonie et pourrait s’allier avec Ecolo dans une sorte d’union des gauches. Pour asseoir leur majorité, le duo aura peut-être besoin d’un 3e copain. Le cdH? À voir si le PS lui fera ce cadeau après le coup de Lutgen de 2017.

À Bruxelles, ce sont cette fois les Verts qui auront la main. Ils pourraient être tentés de s’allier avec le PS comme en Wallonie. Mais cette fois, c’est DéFI qui pourrait jouer les appoints pour asseoir une majorité confortable. En Flandre, la N-VA se rend incontournable. Une Suédoise avec l’Open vld et le CD&V écarterait Groen du pouvoir.

Comme lors des précédents sondages, la Flandre penche de plus en plus à droite, la Wallonie à gauche. Ce qui rend les choses assez compliquées à l’échelon fédéral. Bien malin ici celui qui pourra désigner le leader. Qui sera la première famille politique du pays? Probablement les socialistes. Mais ils devront convaincre des partenaires flamands pour s’embarquer dans un gouvernement plus à gauche, qui plus est, avec un Premier ministre francophone une 3e fois de suite. Rien n’est simple. Groen se laissera sans doute convaincre mais quid du CD&V et de l’Open vld?

La N-VA pourrait en profiter pour remettre en selle l’attelage de 2014, à savoir la Suédoise, avec le MR. Mais cette configuration n’emporte plus de majorité, même avec le cdH en plus. Une alliance socialistes-libéraux-écologistes est possible mais peu probable. Enfin, tout peut évoluer très vite en Belgique.

Réponse dans une grosse semaine.

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