Après le #MeToo, le « Non, c’est non »: les femmes luttent contre le harcèlement au carnaval de Rio

À l’occasion du carnaval de Rio, les femmes se mobilisent contre le harcèlement sexuel. Comment? En portant des tatouages éphémères avec écrit dessus « Não é não » (Non, c’est non en français). Et elles ont raison de le faire. La police brésilienne a rapporté qu’une femme s’est fait agressée toutes les quatre minutes durant le carnaval de Rio l’année passée. 

Après le #MeToo lancé suite à l’affaire Weinstein, place au « Não é não » (en français « Non, c’est non). Pour le carnaval de Rio, les brésiliennes ont décidé de luter contre le harcèlement des femmes. Pour ce faire, de nombreuses femmes au Brésil se sont fait mettre des tatouages éphémères sur le corps avec le slogan « Não é não » ou tout simplement en transportant avec elles des affiches avec le même message.

Car oui, même si le carnaval de Rio est synonyme de festivité et de joie, il y a énormément d’agressions sexuelles contre les femmes. Pour avoir une idée, la police a dévoilé qu’une femme s’est fait agressée toutes les quatre minutes durant le carnaval de Rio de 2017. Un fait vraiment alarmant.

« Des situations d’agressions sans nous en rendre compte »

« Il y a beaucoup de machisme au Brésil et faire cela pour le carnaval est urgent », explique le gestionnaire du projet de 28 ans Luka Borges à l’AFP. C’est Luka qui a créé avec quatre amies les décalcomanies « Não é não ». Ils ont d’abord commencé à les distribuées l’an passée au carnaval de Rio après que l’une d’entre elles se soit fait agressée. Après une collecte de crowdfunding et une campagne sur les réseaux sociaux, près de 27 000 décalcomanies ont été produites pour le carnaval 2018. Les décalcomanies seront distribuées dans les grandes villes du Brésil comme São Paulo, Rio ainsi que Salvador.

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Une productrice de théâtre de 27 ans, Anna Studard, a aussi témoigné auprès de l’AFP: « Pendant de nombreux carnavals, nous avons vécu des situations d’agressions sans nous en rendre compte », a expliqué Anna tout en portant le tatouage éphémère sur sa poitrine. « Nous pensions que c’était normal, mais je trouve que, depuis un ou deux ans, on a commencé à avoir conscience du fait que non, c’est non! Mais le carnaval, avec son ambiance totalement débridée et ultra-sensuelle, est typiquement un moment où l’on peut embrasser sans aucune retenue des inconnu(e)s ».

Pour certaines, ce n’est pas seulement une action féministe, mais un moyen pour se protéger. « Mon fiancé est en voyage et ce tatouage va me permettre d’éviter que quelqu’un ne me gâche la fête, je me sens plus en sécurité », explique Caroline Fachetti, une fille de 19 ans.

Une femme sur trois

Selon James Allan, 28 ans, cette campagne est « totalement appropriée ». « Le Brésil est à des années en arrière par rapport à l’Europe« , selon lui.

Et il est important de savoir que la situation des femmes au Brésil n’est pas difficile uniquement durant le carnaval. Une femme sur trois de plus de 16 ans a déclaré avoir été au cours de l’année écoulée victime de violences physiques, verbales ou psychologiques, selon un sondage de Datafolha publié en mars 2017.

Et c’est pourquoi Luka refuse de donner ses tatouages aux hommes. Selon lui, le soutient moral des hommes est le bienvenu mais c’est la lutte des femmes. « C’est notre lutte à nous. C’est sur notre corps que le non doit être écrit ».

Espérons que cette campagne aura un impact positif sur la situation.

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