Les temps sont durs pour les personnes à la recherche d’un boulot. Le durcissement des mesures d’accès aux allocations d’insertion imposées par le gouvernement Di Rupo ont mené à l’exclusion de plus de 42.000 chômeurs depuis janvier 2015. Et les limitations d’âge introduites par le gouvernement Michel n’arrangent rien selon l’ASBL Collectif Solidarité Contre l’Exclusion.
Petit retour en arrière. En 2012, le gouvernement Di Rupo limite l’accès aux allocations de chômage à une période de trois ans. Rebaptisées allocations d’insertion, elles ne sont accordées aux étudiants qu’après un stage d’insertion de 12 mois, plutôt que 9 précédemment. Pendant cette période, chaque étudiant doit prouver qu’il est à la recherche active d’un emploi. Il faut obtenir deux évaluations positives sinon la période d’attente est prolongée de 6 mois. Et pour tous ceux qui en bénéficient déjà, les contrôles ont été renforcés et mis en place plus rapidement.
Ces mesures restrictives, que Di Rupo dit avoir regrettées suite « à une demande libérale », se sont combinées à d’autres restrictions du gouvernement Michel. Et elles ne font pas le bonheur des plus jeunes: ceux qui ne bénéficieraient pas d’un diplôme du secondaire, qu’importe la filière, avant l’âge de 21 ans, passent à la trappe. Même chose pour les plus de 25 ans ayant par exemple entrepris des études universitaires.
Les jeunes, particulièrement touchés par l’exclusion
Si ces mesures poussent les jeunes à chercher activement un emploi et à ne pas trop se planter pendant leur parcours scolaire, elles font aussi beaucoup de dégâts: « ils étaient 37.270 jeunes à accéder aux allocations en 2013 contre 17.967 en 2016, moins de la moitié! », s’indigne Yves Martens de la CSCE, le Collectif Solidarité Contre l’Exclusion ou Ensemble.be (voir graphique).
À la question de savoir quelles mesures ont fait le plus de dégâts, Yves Martens insiste sur les mesures du gouvernement Di Rupo « à la fois en termes d’exclusion massive et de non-accès au droit, il n’y a pas de doute. Mais cela été confirmé par le gouvernement Michel ».
Si on regarde les chiffres de l’ONEM, année par année, on voit qu’au 1er janvier 2015, quelque 16.854 personnes ont été exclues du chômage « dont deux tiers de femmes », précise Yves Martens. En 2015 pour le reste de l’année, ils étaient 29.021 exclus. En 2016 et 2017 par contre, ils ne sont plus que 7.857 et plus ou moins 5.000 à la fin septembre 2017 (chiffre qui doit encore être réévalué).
Mais ça ne veut pas dire que les chômeurs cherchent mieux du travail pour autant. « Forcément, moins il y a de gens qui rentrent dans le système au départ, moins il a de gens qui vont en être exclus », nous fait remarquer Yves Martens. « La meilleure manière d’exclure quelqu’un reste de ne pas l’inclure du tout dans le système ».
Reste que les exclus se tournent vers les CPAS. Il y a une augmentation du nombre d’inscrits, en particulier pour les jeunes entre 18 et 24 ans. Leur proportion (32,5%) parmi les bénéficiaires dépasse largement ce qu’ils représentent parmi la population dans son ensemble (10,7% pour les 18-24 ans), selon les chiffres du SPF Intégration sociale.
Création d’emplois?
« Notre jeunesse est en danger, par l’exclusion de 15.000 jeunes pour fin de droit ces deux dernières années, dont 58 % sont des femmes. En 2015, nous avons assisté à une augmentation de 13,2 % des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale. C’est énorme! », dénonçait Ecolo le 1er mai dernier.
De son côté, les mesures du gouvernement Michel ont crée « 130.000 jobs en trois ans » a estimé le Premier ministre devant la Chambre. C’était le 12 octobre dernier lors de la déclaration de politique générale. Beaucoup d’emplois précaires, a rétorqué l’opposition. « Faux », a répondu le Premier ministre devant les députés. Après analyse, il s’avère que le taux d’emploi a augmenté légèrement de 67,2 % à 67,7 % pour les 20-64 ans, une première en cinq ans même si cela reste bien en deçà de la moyenne de l’Union européenne (71%).