À Singapour, les patrons paient des migrants une misère pour faire la file et acheter leur repas pour le Nouvel An chinois

Le Nouvel An chinois se déroule le 28 janvier. Tous les habitants veulent se procurer la spécialité de viande traditionnelle, le bakkwa. Mais comme ils n’ont pas le temps de faire la file, ils demandent à leurs employés, des migrants, d’attendre dans le froid pour eux. Et cela, pour un salaire dérisoire.

Samedi, c’est le Nouvel An chinois. Au menu, entre autre, du bakkwa. C’est une espèce de viande séchée sucrée-salée qui ressemble un peu à du jerky. Tous les habitants de Singapour veulent s’assurer d’en avoir pour célébrer dignement la soirée. Quelques heures avant l’ouverture d’un célèbre marchand de bakkwa, il y avait déjà une longue file qui attendait pour s’approvisionner. Mais dans cette file, ce n’était pas les gens qui souhaitaient se fournir en viande séchée, mais bien des migrants qui ont été payé par leur patron pour attendre.

Sur la vidéo postée par All Singapore Stuff, on voit carrément des migrants avec des chaises ou des cartons qui ont dormi dehors pour s’assurer d’être parmi les premiers et de pouvoir rapporter la viande séchée à leur patron

3,20 euros de l’heure

Ils ont expliqué au journal Today, qu’ils étaient payé pour faire la file et « qu’ils étaient heureux de pouvoir se faire de l’argent supplémentaire. » Un migrant originaire de Tamil Nadu qui se trouvait tout au devant, a raconté qu’il attendait depuis 11h du soir pour acheter 70kg de bakkwa pour son employeur. Il a été payé 5$ de Singapour par heure et a reçu 10$ pour se nourrir, soit un total de 60$ (39 euros), et un demi-jour de congé.

Pandi Sevugan a également expliqué sa situation à Today. Il vient depuis 13 ou 14 ans pour son patron, qui lui paie 30$ de Singapour les deux jours, soit 20 euros. Et il n’est pas le seul. Pour s’assurer d’avoir la quantité de bakkwa qu’il désire, son patron demande à six de ses employés de faire la file.

En infraction

Beaucoup de travailleurs étrangers à Singapour viennent de certaines régions de l’Asie du Sud comme le sud de l’Inde et le Bangladesh. Ils sont là grâce à un permis de travail. À strictement parler, ils ne peuvent donc pas effectuer un travail autre que celui mentionné sur leur permis de travail. Certainement pas faire la file pour acheter du bakkwa. Mais généralement, ils n’ont pas trop le choix.

« Ils peuvent difficilement dire non à leur patron parce que leur emploi dépend de la bonne volonté de leur employeur » explique Jolovan Wham le directeur de l’Humanitarian Organisation for Migration Economics. Certains sont mêmes ravis de pouvoir gagner un peu plus et ne voient pas de problème à cette pratique. Ils demandent à Jolovan Wham de se taire, de peur de perdre ce revenu supplémentaire.

Voilà la vidéo de la file:

Plus
Lire plus...