Tu as entre 18 et 21 ans, tu es un homme et tu loges dans un kot? Te voilà rangé dans la catégorie des ivrognes potentiels de Louvain-La-Neuve. Deux chercheurs de l’Institut de recherche en sciences psychologiques ont interrogé 4500 étudiants de l’UCL à propos de leur consommation d’alcool. Un quart d’entre-eux a avoué être ivre au moins une fois par semaine. La boisson privilégiée est bien sûr la bière et le jour le plus propice est le jeudi. Enfin, tout dépend des TP aussi…
La grande Casa, la Lux, l’Agro,… les endroits ne manquent pas pour se coller une bonne mine à Louvain-La-Neuve. La vie d’étudiant se rythme autour des cours parfois, autour des festivités le plus souvent. La consommation d’alcool sur le site de l’UCL peut néanmoins être un problème et préoccupe certains chercheurs.
Pierre Maurage et Séverine Lannoy, membres de l’Institut de recherche en sciences psychologiques, ont essayé d’y voir un peu plus clair dans la consommation d’alcool des étudiants. Ils ont pour cela interrogé un panel de 4.500 étudiants sur leurs habitudes. Ce qui en ressort peut être qualifié de préoccupant, sans être vraiment étonnant: un étudiant sur quatre serait ivre au moins une fois par semaine.
Ce sont les étudiants masculins qui logent en kot et de Bac 1 et 2 qui ont la plus forte consommation de boissons alcoolisées. « On constate (…) qu’il y a un rajeunissement des premières ivresses », explique Pierre Maurage, interrogé par La Libre. Le « pic de consommation qui, avant se situait en Bac 2 et 3, s’observe maintenant en Bac 1 », poursuit-il.
En moyenne, les étudiants boivent 17 doses d’alcool par semaine. Ce qu’ils préfèrent? La bière. Et le jour de la semaine le plus propice est le jeudi selon l’étude.
Socialisation, stress et pression sociale
Du grand classique quoi. Mais pourquoi les étudiants ont-ils besoin de boire un petit coup de trop? Pour beaucoup, il s’agit de se socialiser. 70% des répondants déclarent avoir eu plus de facilités à engager une conversation et à faire des connaissances sous l’influence de l’alcool. Le stress est aussi avancé comme raison d’une consommation excessive. Six étudiants sur dix déclarent que l’alcool leur a déjà permis de diminuer le stress.
Mais ce n’est pas tout: s’ils boivent, c’est aussi pour être dans la norme. Les étudiants ont l’impression, à tort, que leurs collègues boivent plus qu’eux. Ce qui renforce leur propension à boire davantage. « Pour faire comme les autres », résume Pierre Maurage. La pression sociale est essentielle pour comprendre une telle consommation d’alcool.
Près d’un étudiant sur deux néglige ses études
Et les conséquences dans tout ça? Il y a d’abord une augmentation des violences entre les jeunes (8%) ainsi que des relations sexuelles non-désirées ou regrettées (12%). Plus inquiétant encore, ils sont 44% à reconnaître qu’ils négligent leurs études suite à une consommation excessive d’alcool. On rappellera ici, que sur le long terme, l’alcool peut avoir des effets néfastes sur la mémoire, la concentration et l’attention.
Du coup, un Plan alcool a été lancé en partenariat avec les étudiants. Le premier objectif de ce plan est de casser les normes de consommation et de relativiser cette idée qui dit qu’il faut boire pour être intégré. « On peut déjà informer sur le fait que les étudiants surestiment la consommation de leurs congénères », fait remarquer Pierre Maurage. Une autre partie du plan veut insister sur le fait qu’il y a d’autres moyens que de consommer de l’alcool pour faire la fête.
Mais dans les faits, le chercheur reconnait qu’il est très difficile de changer les habitudes de consommation. Quand « les jeunes arrivent à l’université, ils ont déjà intégré cette image très positive de l’alcool et l’idée qu’il faut en consommer beaucoup pour être bien vu des autres et bien intégré », estime Pierre Maurage. Et quand on sait que deux étudiants sur trois affirment que l’alcool est l’un des, voire même l’aspect central de la vie de l’étudiant, on se dit qu’il y a en effet du boulot…
