Les Européens se réunissent aujourd’hui à Bruxelles. Au menu: le Brexit, encore et toujours. Mais Ivan Rogers, un représentant britannique auprès de l’Union européenne, serait très pessimiste. En octobre, il aurait averti en privé son gouvernement que le processus de sortie de la Grande-Bretagne hors de l’Union européenne pourrait prendre dix ans, voire plus.
Depuis le début du processus, la Première ministre britannique Theresa May a toujours soutenu que les discussions ne devraient durer que deux ans. En 2018, la Grande-Bretagne devrait donc être totalement sortie de l’Union européenne. La Commission européenne était même plus optimiste en avançant maximum un an et demi. Mais le diplomate britannique Ivan Rogers n’y croit pas et aurait mis sérieusement en garde son gouvernement en octobre dernier.
Rogers en connaît long sur la diplomatie et les relations de son pays avec l’Europe. Il est l’Ambassadeur extraordinaire et représentant permanent de la Grande-Bretagne au Conseil de l’UE. Il conseillait d’ailleurs déjà les anciens premiers ministres Tony Blair et David Cameron. Son regard sur le Brexit est loin d’être positif. Pour lui, les discussions s’éterniseront au moins dix ans. Un consensus entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne pourrait ne jamais être trouvé avant mi-2020.
Ivan Rogers has "privately" told the government that new EU deal could take 10 years. So how come it's leading the news?
— Nelson Jones (@Heresy_Corner) 15 décembre 2016
Ou pas de Brexit?
Même si les parties tombent sur un accord, Rogers avertit également que celui-ci pourrait ne pas survivre au processus de ratification. Une fois écrit, tous les parlements nationaux des pays européens devront approuver le texte et certains pourraient le rejeter. Autrement dit, il n’y aurait pas de Brexit.
En plus, il a laissé entendre qu’après le Brexit, s’il se produit, les dirigeants européens s’attendront à un accord de libre-échange avec la Grande-Bretagne. Cette option serait, pour lui, plus probable que son maintien dans le marché unique. Bref, tout ce que le gouvernement britannique ne souhaite pas.
Mais une source proche de Downing Street a déjà réagi en déclarant à la BBC que le gouvernement n’adhérait pas au point de vue du diplomate. Il transmettrait la vision d’autres pays européens plutôt que celui des ministres britanniques.
I worked with Ivan Rogers in Brussels on trade deals 20 years ago. He knows what he is talking about. Govt should listen.
— Nick Clegg (@nick_clegg) 15 décembre 2016