À Cuba, la masturbation et les sextoys sont toujours l’objet de contrebande

Pour la première fois, Cuba a vu un sex shop ouvrir ses portes. Une nouvelle qui pourrait passer inaperçue si, sur cette île dont les habitants se targuent pourtant d’une sexualité épanouie, la distribution de tout ce qui est considéré comme « obscène » n’était pas bannie.

« Le matériau est liquide, ressemble à du miel, puis on rajoute une autre substance qui le durcit. On lui donne une forme en utilisant des préservatifs, qui sont difficiles à obtenir, vu la pénurie dans les pharmacies. » Tu as à présent la recette parfaite d’un sextoy de contrebande made in Cuba, racontée par l’artiste Javier Bobadilla. Avec ses collègues Joan Diaz-Perez et Yanahara Mauri, ils ont décidé, en signe de protestation, d’ouvrir le premier sex shop éphémère de La Havane.

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Une nouveauté, dans un pays qui a banni la distribution de tout produit obscène. Une classification qui comprend, bien entendu, tout engin de masturbation de type phallique (ou de tout autre type, d’ailleurs).

Consolez-vous

Consolez-vous ! Comme le nom du magasin l’indique, il existe encore des moyens de répondre à ses besoins intimes. Le consolador, nom cubain du dildo, est un bien de contrebande sur le marché noir de l’ex-fief de Fidel Castro, et il est possible de s’en procurer. La masturbation reste cependant un bien de luxe, car les fameux consoladors doivent être introduits sur le marché après avoir passé la douane, bien cachés dans les valises des traficants.

« On veut casser les tabous. Dans le reste du monde, tout ceci est normal », a annoncé Mauri dans une interview à Reuters. Avec leurs sextoys homemade à seulement 5 pesos cubains (environ 4,40€), les trois artistes démocratisent à prix très faible leur art « obscène ».

Ne dites pas dildo mais « sculpture phallique »

C’est bien de cela qu’il s’agit, en tout cas officiellement: de l’art. En proposant leur projet de « sculptures phalliques » à la Biennale artistique de la Havane, Bobadilla n’était pourtant pas convaincu du succès de leur projet: « J’étais très sceptique, j’ai toujours été pessimiste et je ne pensais pas que la Biennale approuverait, mais, comme par magie, ils ont accepté. »

Si vous leur demandez s’ils vendent des dildos, les tenanciers vous répondront donc que non, il s’agit de sculptures avec possibilité d’achat, et que les jeunes cubains peuvent en faire ce qu’ils veulent une fois ramenés à la maison.

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On ne sait pas ce qu’ils en font, mais le succès est au rendez-vous, comme le rapporte Reuters: des 500 objets phalliques, presque tous ont été vendus ou offerts à des amis et critiques artistiques, et de plus en plus sont commandés.

Peut-être qu’au final, ce succès aidera à enlever le stigma autour des sextoys qui existe encore et toujours à Cuba, et qui est aussi lié à un biais homophobe: pour les cubains, seules les personnes gays utilisent ce genre de jouets.

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