À contre-courant, l’Allemagne veut faciliter l’immigration avec une nouvelle loi 

L’Allemagne est à la recherche d’ingénieurs, d’infirmières et de plombiers. Le déficit est si grand que le gouvernement craint une récession économique si aucune mesure n’est prise. Du coup, il a décidé de favoriser la venue de migrants issus de l’extérieur de l’Europe.

Une loi est désormais sur la table après des années de querelles politiques. Son but? Lutter contre les métiers en pénurie. Cette nouvelle loi devrait assouplir les critères de l’immigration. Et la priorité est de faire venir des travailleurs en dehors de l’Europe, car la migration intraeuropéenne ne suffira pas.

Concrètement, les demandeurs d’asile pourront automatiquement rester six mois, à condition qu’ils puissent subvenir à leurs propres besoins. Et même les demandeurs d’asile déboutés pourront retenter leur chance. À condition qu’ils aient travaillé 32 heures par semaine pendant au moins un an et qu’ils prouvent une certaine connaissance de la langue.

Les partis gouvernementaux du CDU et du SPD parlent d’un jour historique. Car cette nouvelle loi va placer l’Allemagne sur la carte des pays accueillants. Le but, cette fois, n’est pas de répéter les erreurs des vagues migratoires des années 60 et 70. À cette époque, l’accueil des migrants n’était pas conditionné à l’apprentissage de l’allemand, pas plus qu’à l’obtention d’une formation. L’Allemagne avait fini par le payer cher dans les années 90.

Alors bien sûr, les critiques ne se sont pas fait attendre. Le parti anti-immigration de l’Afd a tout de suite montré son opposition au projet de loi. Beaucoup craignent de voir resurgir le scénario de 2015, quand plus d’un million de migrants ont atterri sur le territoire allemand.

epa

Merkel avait raison

Mais dans les faits, il semble que cette vague migratoire n’ait pas causé tant de dégâts que ça à l’économie allemande. Que du contraire, et c’est le patronat allemande qui le dit. Selon le président de la Fédération du patronat (BDA), Ingo Kramer, près de 400.000 réfugiés ont trouvé un emploi ou une formation.

« La plupart des jeunes ont appris l’allemand à une telle vitesse qu’ils étaient en mesure d’occuper rapidement une place d’apprentissage », soutient Kramer dans des propos rapportés par Le Soir. La réussite de cette intégration par le travail est qualifiée de « pilier de l’économie allemande » en l’espace de trois ans.

L’agence fédérale pour l’emploi tire le même bilan. Plus de 300.000 réfugiés venus depuis 2015 de Syrie, d’Irak, d’Iran, d’Afghanistan, d’Erythrée, mais aussi du Nigéria, du Pakistan et de Somalie ont trouvé un job. Désormais en Allemagne, on parle de politique d’intégration plutôt que de politique d’immigration.

Le revers de la médaille, c’est qu’on a souvent affaire à des jobs sous-payés, sans contrat de travail. Or l’Allemagne a aussi besoin d’ingénieurs, d’informaticiens et de mathématiciens. Mais ce sont quelque 700.000 jobs qui sont à pourvoir, avec des pénuries chez les aides soignants aussi, tout comme chez les boulangers et les plombiers.

Si le projet de loi est adopté par le Bundestag, le tout renterait en vigueur le 1er janvier 2020.

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