Si à première vue Apple n’en a que faire de la concurrence, en coulisses, c’est une tout autre histoire. Ainsi, la firme de Cupertino n’hésite pas à attaquer son principal rival sur 3 fronts pour le renverser.

L’actualité : Apple améliore ses armes dans la « guerre silencieuse » qui l’oppose à Android, le système d’exploitation pour mobiles de Google.

• En procédant de la sorte, la firme de Cupertino cherche à séparer son propre OS des fonctionnalités proposées par le géant Google.
• Car si Apple propose depuis longtemps déjà plusieurs services propres, ceux de Google restent encore aujourd’hui la norme pour beaucoup.  

Le détail : en plus d’améliorer son application de cartographie, Apple développe son propre moteur de recherche pour détrôner Google Search et sa présence sur le marché des publicités en ligne.

Contexte : ce n’est pas un secret, outre leurs smartphones, tablettes et ordinateurs respectifs, Apple et Google sont également de grands rivaux sur le marché des systèmes d’exploitation pour mobiles depuis leur lancement la même année, en 2007. Les deux géants de la Silicon Valley se divisent – et se disputent – le marché depuis l’abandon de Microsoft, en 2019 – bien que dans les faits, Microsoft Phone ait perdu la bataille bien avant.

• Le cofondateur d’Apple, Steve Jobs, avait déclaré la « guerre thermonucléaire » à Google en 2009, qualifiant Android de « produit volé », alors qu’il s’immisçait chez toujours plus de fabricants, faisant ainsi toujours plus concurrence à iOS. Il avait d’ailleurs évincé Eric Schmidt, alors PDG de Google, du conseil d’administration d’Apple, rappelle le Financial Times.
• Mais cela n’a pas empêché Google de déployer son système d’exploitation sur la très grande majorité des téléphones portables non Apple, occupant ainsi près de 70 % du marché en janvier 2022.
• Et si la guerre entre les deux est devenue plus silencieuse au fil des années, la firme à la pomme a toujours conservé une certaine rancœur à l’encontre de Google, selon deux anciens ingénieurs de l’entreprise.
• Apple est d’ailleurs toujours très impliquée dans cette bataille silencieuse, c’est pourquoi l’entreprise cherche absolument à se défaire des produits proposés par Google, voire à les renverser.

Affaiblir le monopole de Maps

Cette quête de revanche d’Apple a pris vie en 2012, avec le lancement de Plans. Avec cette application de cartographie, la firme de Cupertino cherchait à remplacer Google Maps.

• Dorénavant, ce sera Plans qui sera préinstallé sur les iPhone et autres appareils Apple, et non plus Maps.
• Une nouvelle ère pour Apple qui n’a malheureusement pas démarré en beauté. L’application de cartographie de la firme à la pomme était en effet totalement buggée à son lancement.
  • Tim Cook avait présenté ses excuses à l’époque pour « la frustration » que cela avait causé aux clients.
• Apple a passé les années suivantes à améliorer son application de cartographie, si bien qu’aujourd’hui Plans peut se targuer d’être meilleure que Maps, du moins aux États-Unis.
  • Sur Plans, les bâtiments apparaissent dans une version simplifiée, mais en 3D. L’application est beaucoup plus colorée, plus riche et propose de nombreuses fonctionnalités.

Aujourd’hui : Apple a récemment annoncé Business Connect qui permet aux entreprises de revendiquer leur emplacement numérique, afin qu’elles puissent interagir avec les utilisateurs, mais aussi afficher des photos ou proposer des promotions. Elles peuvent également profiter de l’intégration d’Apple Pay, ainsi que de Business Chat, un outil de conversation textuelle pour discuter avec leurs utilisateurs.

Une nouveauté qui fait déjà de l’ombre à Google et à Maps.

« Apple est très bien placé pour se dissocier de plus en plus de Google, en grande partie sous le couvert de la vie privée des consommateurs »

Cory Munchbach, directeur général de BlueConic, une plateforme de données client.

La réponse d’Apple à Google Search

Le deuxième front sur lequel Apple souhaiterait attaquer Google est celui qui a largement participé à sa renommée : son moteur de recherche. Apple travaillerait en effet sur un outil de recherche en ligne.

• Nom de code : Apple Search. Difficile de faire plus clair.
• Le projet serait en développement depuis plusieurs années déjà, selon plusieurs employés travaillant dessus. Depuis 2013 pour être précis, lorsqu’Apple a racheté Topsy Laps, une startup qui avait indexé Twitter pour permettre des recherches et des analyses, rappelle le Financial Times.
• Entre-temps, la firme de Cupertino a acquis plusieurs autres sociétés afin d’améliorer son outil de recherche.

En réalité : le moteur de recherche d’Apple est déjà en place, mais dans une forme moindre, puisque lorsque les utilisateurs demandent des informations à l’assistant vocal Siri, tapent des requêtes à partir de l’écran d’accueil ou utilisent la fonction de recherche du Mac, ce n’est plus Google Search qui est à l’œuvre, mais bien la technologie d’Apple.

Une revanche amère : si la firme à la pomme vient effectivement à remplacer Google Search avec son propre moteur de recherche, notamment sur Safari, elle fera une croix sur un juteux contrat puisque la firme de Mountain View paie environ 10 milliards de dollars à Apple pour faire de Google Search le moteur de recherche par défaut de Safari.

Cependant, Apple a les ressources nécessaires pour proposer un concurrent sérieux à Google Search. L’entreprise pourrait rapidement prendre des parts de marché à la firme de Mountain View, d’autant plus si son produit s’aligne sur sa philosophie de protection de la vie privée – ce qui est fort à parier.

Un géant tel qu’Apple promettant une confidentialité accrue pourrait en effet attirer les utilisateurs.

Le nerf de la guerre : la publicité

Mais là où la bataille silencieuse opposant Apple à Google pourrait faire le plus mal est sans doute la publicité en ligne.

• Alphabet, maison mère de Google, tire en effet plus de 80 % de la publicité.
• Or, l’année dernière, la firme à la pomme a montré des signes qu’elle cherchait à se développer sur ce secteur et à devenir une actrice incontournable de la publicité en ligne.
• Dans une offre d’emploi, Apple a indiqué vouloir créer un nouveau réseau publicitaire, qui refaçonnerait la manière dont les publicités sont diffusées aux utilisateurs d’iPhone et qui garderait les marchands de données tiers à distance.

Là encore, en mettant l’accent sur la confidentialité, Apple ferait un pied de nez à Google tout en mettant les marques sensibles à ce sujet dans sa poche.

Engagé sur ces trois fronts, Apple n’a jamais autant mis Google dans une position de vulnérabilité.