Ce mercredi, tous ceux qui comptent à la Silicon Valley ont rendez-vous avec celui qu’ils voulaient le moins voir à la Maison Blanche. Donald Trump reçoit à la Trump Tower le beau monde de la tech. Ils n’ont pas trop le choix: personne ne veut rater ça. Mais en réalité cette rencontre aurait plus sa place dans une émission de téléréalité…
Avec Kanye West, Trump avait déjà beaucoup de « star power » de son côté mais aujourd’hui, il va un pas plus loin. Le président élu a réuni tous les pontes de l’industrie tech américaine. Et personne n’ose/ne peut refuser. Mais personne n’a l’enthousiasme d’y aller. Et ça doit faire mal.
Durant la campagne électorale, le boss d’Amazon.com Jeff Bezos et le CEO de Tesla Motors Elon Musk se sont ouvertement déclarés opposés à Trump. Bezos est le propriétaire du Washington Post, le journal d’investigation qui a causé de nombreux soucis à la campagne de Trump. Et sur Twitter, Bezos avait même proposé à Trump de l’envoyer dans l’espace avec l’une de ses fusées. À quoi Trump avait réagi en déclarant que Bezos utilisait le Post juste pour soutenir son e-business.
La semaine dernière, ces boss ont tous reçu une invitation de l’équipe de Trump pour préparer la transition. Parmi eux, il faut compter Larry Page, le fondateur et grand patron d’Alphabet, la société mère de Google. Il y a aussi Tim Cook, le patron d’Apple, et Chuck Robbins, le patron de Cisco Systems. Jack Dorsey, le CEO de Twitter n’a pas reçu d’invitations, preuve que lui et sa plate-forme ne sont plus dans la course.
Mark Zuckerberg, de Facebook, est le vrai roi de la Silicon Valley. Il est le seul qui n’est pas venu en personne mais il envoie son directeur d’exploitation Sheryl Sandberg. Les autres n’osent simplement pas refuser l’invitation ou envoyer quelqu’un de moins important. Parce que tout le monde pense d’abord à ses actionnaires. Et partir en guerre contre le président des États-Unis, qui est également très sensible à son ego, est tout sauf une bonne idée.
Trump présente la facture?
Mais il n’y a aucun doute à avoir: la Silicon Valley peut boire le sang de Trump. Ses vues sur l’immigration sont diamétralement opposées à la façon de penser en Californie: près de la moitié de tous ces geeks ne sont même pas nés aux États-Unis. Proportionnellement, le secteur a soutenu 114 fois plus la campagne d’Hillary Clinton que celle du Trump. Et l’été dernier, 140 chefs de la Silicon Valley ont signé une lettre dans laquelle ils déclaraient que Trump serait mauvais pour l’innovation et la croissance, et que son point de vue sur l’immigration, la sécurité sur Internet et le gouvernement seraient tout simplement dangereux.
Le seul qui sera en terre amie aujourd’hui est Peter Thiel. Le fondateur de e-Bay est également invité et c’est l’un des rares dirigeants de la Silicon Valley a avoir ouvertement soutenu Trump, au grand dam de beaucoup d’autres dans le monde de la tech.
Ce qu’il faut attendre de cette réunion est encore plutôt obscur. Trump a rarement un agenda très clair pour ce genre de meetings. C’est donc plus un grand show médiatique où les CEO vont se présenter à la caméra. Mais ce n’est pas impossible que Trump ramène les dossiers chauds sur la table. Parce qu’Apple, Amazon et Google ont quelque chose en commun: ils utilisent tous des montages financiers pour payer les impôts à l’étranger et moins aux États-Unis. Peut-être que Trump va leur sortir une facture salée pour s’être opposé à lui durant sa campagne électorale.
Finally trashed by @realDonaldTrump. Will still reserve him a seat on the Blue Origin rocket. #sendDonaldtospace https://t.co/9OypFoxZk3
— Jeff Bezos (@JeffBezos) 7 décembre 2015