Les émissions mondiales de dioxyde de carbone ont diminué de 7% l’année dernière en raison des confinements instaurés dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Mais dès la fin de 2020, elles étaient déjà en passe de dépasser les niveaux de 2019… Et en 2021, les émissions de CO2 devraient connaître la deuxième plus forte augmentation annuelle de l’histoire, selon le rapport Global Energy Review de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), considéré comme la référence mondiale en matière de données énergétiques.
La hausse des émissions est actuellement la deuxième plus importante jamais enregistrée. Il n’y a que durant l’énorme reprise d’il y a dix ans, après la crise financière, qu’une augmentation a été plus importante. C’est principalement l’utilisation accrue du charbon pour la production d’électricité qui est à l’origine de la forte hausse des émissions, en particulier en Asie mais aussi aux États-Unis. Le retour en force du charbon est inquiétant car il intervient malgré la baisse des prix des énergies renouvelables, qui sont pourtant désormais moins chères que le polluant combustible.
Les émissions de CO2 doivent être réduites de 45% au cours de cette décennie si l’on veut limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Cela signifie que les années 2020 doivent être la décennie au cours de laquelle le monde changera de cap, avant que les niveaux de carbone dans l’atmosphère n’augmentent trop et engendrent un dangereux réchauffement.
Le nouveau rapport de l’AIE compare l’augmentation actuelle des émissions à celle qui a suivi la crise financière, lorsque les émissions ont augmenté de plus de 6% en 2010 quand les États ont tenté de stimuler leurs économies avec de l’énergie bon marché provenant de combustibles fossiles. ‘Il semble que nous soyons sur le point de répéter les mêmes erreurs’, prévient le rapport.
Une hausse encore plus importante l’année prochaine si les vols sont de retour
Les émissions mondiales ont chuté de 7% l’année dernière en raison des mesures de confinement qui ont suivi le déclenchement de l’épidémie de Covid-19. Mais dès la fin 2020, elles étaient déjà en train de se redresser et en passe de dépasser les niveaux de 2019 dans certaines régions. Les projections de l’AIE pour 2021 montrent que les émissions de cette année devraient encore se situer légèrement en dessous de celles de 2019. Mais elles augmentent rapidement.
Les émissions mondiales de CO2 dues à la consommation d’énergie, qui sont responsables de la grande majorité des gaz à effet de serre, augmenteront de 1,5 milliard de tonnes en 2021. Cela représente une augmentation de 5%, soit 33 milliards de tonnes de dioxyde de carbone pour l’ensemble de l’année. Après plus d’une demi-décennie de déclin, la demande mondiale de charbon devrait augmenter de 4,5%, se rapprochant ainsi de son précédent pic de 2014.
L’année prochaine, les augmentations pourraient même être encore plus fortes avec le retour des voyages en avion. L’aviation contribue normalement pour plus de 2% des émissions mondiales, or elles étaient pratiquement absentes l’an dernier.
La Chine et les États-Unis sont les principaux coupables
La Chine prévoit par ailleurs de construire de nombreuses centrales électriques au charbon, alors qu’elle s’est pourtant engagée l’année dernière à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2060. Le plan quinquennal du pays, présenté par Pékin le mois dernier, contenait toutefois peu de détails sur la réduction des émissions d’ici à 2030. Après une visite surprise à Shanghai de l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, les États-Unis et la Chine ont promis de coopérer sur les émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie.
L’utilisation du charbon est également en hausse aux États-Unis, inversant ainsi la tendance à la baisse depuis 2013. Cela est principalement dû aux prix élevés du gaz, qui encouragent le passage au charbon pour la production d’électricité. Durant sa présidence, Donald Trump a supprimé les réglementations mises en place par son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, dans le but de freiner l’utilisation du charbon dans les centrales électriques.
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