Le PS bruxellois, avec le Ministre-Président Rudi Vervoort, retourne sa veste. Après que le bourgmestre PS de Forest ait dit qu’il voulait « revenir à 19 zones de police » dans la capitale, Vervoort redécouvre des compétences qu’il a toujours eu. Il va jouer un « rôle de coordination » pour la police, ce qu’il pouvait déjà faire depuis longtemps sur papier mais qu’il ne voulait pas. Il espère ainsi étouffer la discussion sur la fusion des zones de police.
Vervoort met ses cartes sur la table dans une interview avec De Standaard et La Libre Belgique. Il craint que la discussion sur les zones de police devienne inéluctable dans les prochains mois, tout comme la commission d’enquête sur les attentats. Et ça, il veut le stopper dès maintenant avant que ça ait bel et bien commencé. Étonnant, surtout quand on sait que le socialiste, Yvan Mayeur, le bourgmestre de Bruxelles ne veut pas entendre parler de la fusion des zones ou de céder du pouvoir.
« C’est surtout une petite phrase qu’a dite le Premier ministre Charles Michel (MR) pendant la conférence de presse internationale de mercredi dernier: une petite phrase où il disait qu’il n’y avait pas de tabou. « Je me demande si on est pas en train d’écrire le scénario. Cette question sera probablement l’un des chapitres de la commission d’enquête sur les attentats. On va auditionner un tas de gens. Mais si les recommandations sont écrites, c’est sûr que la fusion des zones de police sera un des thèmes » explique Vervoort.
Le MR est aussi contre la fusion. Mais finalement le pouvoir ne se trouve pas là mais près de Michel: « Seul le MR peut empêcher ces discussions au niveau fédéral. Quand j’entends Michel, je tire mes conclusions » dit Vervoort.
« Nous pouvons nourrir le débat nous-mêmes »
Et donc le PS a changé de cap, d’après Vervoort. De « demandeur de rien », ils vont aller quémander au parti qui a la moitié du pouvoir en main. Pas illogique car ils sont quand même le parti dominant dans la Région de Bruxelles-Capitale. « Nous pouvons nous-même nourrir le débat et montrer que nous avons des réponses aux critiques » explique Vervoort.
Sa proposition n’est pas vraiment super innovante. Car le rôle que lui et sa commune se voient jouer était déjà dans la 6ème réforme. Cette réforme donnait des compétences supplémentaires sur le plan de la coordination de la prévention et de la sécurité. Vervoort va donc faire le job qu’il pouvait faire depuis longtemps mais qu’il n’a pas fait.
Un département régional prévention et sécurité est en préparation et pourra être opérationnel en juillet, c’est ce que déclare Vervoort. Il va aussi créer un centre de crise régional et coordonner la prévention de la radicalisation, une tâche de la commune. Cela sonne différemment que les semaines passées au PS: « La fragmentation est un atout et est près des gens mais ça peut causer des dégâts si on ne travaille pas assez ensemble’.
La question est maintenant de savoir si tous les barons du PS vont soutenir Vervoort. Et c’est un secret de polichinelle que les socialistes francophones agissent de manière dispersée et gardant chacun son pouvoir droit devant les yeux.
