Parfum de crise chez Deliveroo? Les coursiers désertent et de moins en moins de restaurants sont disponibles

Les utilisateurs sont nombreux à se plaindre, c’est le bazar chez Deliveroo en ce moment. Les commandes arrivent en retard, les restaurants ne sont plus disponibles, les coursiers sont tous occupés… Est-ce le début d’une crise? À en croire Steven Steyaert, délégué syndical qui surveille les travailleurs de l’entreprise, oui, il y a un certain malaise.

Quand Deliveroo a débarqué en Belgique, voici maintenant deux ans, c’était l’euphorie. Il faut dire que l’idée de pouvoir commander une pizza, des pâtes, un hamburger, ou encore des sushis dans une large gamme de restaurants et via une application mobile avait de quoi séduire. Surtout quand tu rentres tard, que les magasins sont fermés et que tu n’as ni la possibilité ni l’envie de cuisiner. Mais aujourd’hui, il semblerait que le système ne soit plus au point.

Tu l’as peut-être remarqué lorsque tu essayes de passer commande, il n’est pas rare que ta demande soit refusée. Soit parce que le restaurant que tu souhaites n’est plus disponible sur l’application, soit parce que les coursiers sont tous occupés. À en croire les plaintes des utilisateurs sur les réseaux sociaux, le problème semble se poser chez de plus en plus de monde, tant à Bruxelles qu’à Liège et même en Flandre.

Deliveroo nous assure: c’est simplement dû à la période des fêtes de fin d’année. Mais de l’avis de Steven Steyaert, délégué syndical à l’ABVV (l’aile flamande de la FGTB), ce n’est pas la seule cause à pointer.

Examens, froid, statut d’indépendant et incertitudes

Il y a le temps froid, c’est sûr, qui ne donne pas envie d’enfourcher son vélo pour livrer quelques commandes. Sans compter que la plupart des coursiers sont des étudiants et qu’ils sont actuellement en blocus. Mais selon Steyaert, le malaise est plus profond. « Une étude que nous avons menée arrive à la conclusion qu’un coursier chez Deliveroo ne reste en moyenne qu’un mois et demi », explique-t-il au Nieuwsblad. Le salaire des jobistes n’étant pas suffisamment attrayant au regard de la précarité du boulot.

De plus, les coursiers attendent une grosse révolution. « À la fin du mois de janvier, tous les coursiers sont obligés de devenir indépendants », rappelle Steyaert. « Ils gagneront alors 5 euros par livraison et obtiendront une assurance gratuite. Cela semble séduisant, mais en pratique, ces jeunes sont dans l’incertitude quant aux conséquences concrètes sur leurs allocations familiales et bourses d’études. Deliveroo ne met pas en place une communication claire. En plus de cela, les coursiers ne disposent pas de leur propre vélo et doivent payer eux-mêmes les équipements et frais de téléphone », précise-t-il.

« Le manque de respect envers le jeune personnel est déconcertant »

Pour rappel, fin octobre, Deliveroo a décidé de casser sa collaboration avec la SMart. Résultat: tous les coursiers seront obligés de devenir indépendants à partir du 31 janvier 2018. Ils se verront également offrir un salaire à la course plutôt qu’en fonction des horaires. À en croire la compagnie, cela leur permettra d’être mieux payés, mais ils perdront, de l’autre côté, pas mal d’avantages sociaux. Seule petite accalmie: les quelque 2.500 livreurs en Belgique pourront souscrire gratuitement à une assurance accident complémentaire à partir du 1er janvier, grâce à une collaboration entre Deliveroo et la start-up belge Qover. Mais il semblerait que cela ne suffise pas à éviter la débandade du côté du personnel.

Le délégué syndical va même plus loin. Il considère que les pratiques de travail chez Deliveroo sont dégradantes et parle de dumping social. « Le manque de respect envers le jeune personnel – alors que pour beaucoup c’est leur premier job – est déconcertant », s’alarme-t-il.

Deliveroo se défend

Du côté de Deliveroo, on se veut plus rassurant. « Deliveroo continue de croître rapidement. L’année dernière, nous avons lancé notre service dans cinq nouvelles villes et nous travaillons maintenant avec plus de 1.300 restaurants en Belgique », nous a fait savoir une porte-parole.

Selon elle, le changement de statut ne fait pas fuir les coursiers, que du contraire. « Depuis l’annonce du nouveau modèle de travail des coursiers en octobre, le nombre de livreurs indépendants est passé à 450, ce qui montre qu’il existe une demande de travail bien rémunéré parmi les coursiers, associée à la liberté de choisir où et quand travailler », justifie la porte-parole.

Encore une fois, la seule cause possible aux problèmes dans les commandes est liée à la période des fêtes de fin d’année. « Il est normal que les coursiers qui sont étudiants choisissent d’étudier pour leurs examens. Pendant les 2 semaines de Noël, Deliveroo offre un service habituel, à l’exception de deux jours. À partir du 1er janvier, nous serons à nouveau complètement ouverts. » Espérons-le…

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