53.000 victimes envoient Shell au tribunal pour avoir pollué le Delta du Niger pendant des années

Cela fait des années que le Delta du Niger est devenu invivable à cause du pétrole de Shell qui se répand dans le fleuve. Deux communautés qui survivent sur place ont réussi à envoyer la compagnie pétrolière au tribunal pour n’avoir pas géré le problème. C’est le cabinet Leigh Days, spécialiste des questions humanitaires, qui défend les Nigérians.

Mercredi, les communautés nigérianes Ogale et Bille ont réussi à saisir la Haute Cour de Justice d’Angleterre pour pouvoir attaquer Shell, le géant du pétrole. Ces fermiers et ces pêcheurs qui vivent dans le Delta du Niger attaquent la compagnie pour avoir laissé s’écouler des milliers de litres de pétrole dans le fleuve Niger pendant des dizaines d’années. Malgré un rapport de l’ONU, Shell n’est jamais venu réparer les dégâts.

Soutenues par de nombreuses organisations des droits de l’homme, ces communautés accusent Shell d’avoir contaminé leur eau ainsi que les zones agricoles au Nigéria. La mangrove, les criques et les îles du Delta seraient ravagées par les fuites de pétrole provenant des pipelines mal-entretenus. Selon Amnesty International, les 53.000 membres des communautés Ogale et Bille n’ont depuis longtemps plus accès à de l’eau réellement potable.

Des millions de litres de pétrole

À la défense, il y a le cabinet d’avocats Leigh Day. L’année passée, ces avocats spécialisés dans les questions humanitaires avaient gagné un procès contre Shell au profit des Bodos, une autre communauté de Nigérians touchés par ce désastre écologique.

La compagnie estimait qu’environ seulement 4000 barils s’étaient répandus dans les eaux du fleuve Niger. Les experts avaient révélé que la quantité de pétrole était beaucoup plus proche des 500.000 barils, soit 80 millions de litres de pétrole. Shell avait alors dû payer 55 millions de livres sterling (71 millions d’euros) à la communauté Bodo.

Un scandale humanitaire

Daniel Leader, avocat chez Leigh Day explique ainsi sur son site: « C’est scandaleux que quatre ans après le rapport de l’UNEP [Programme sur l’environnement des Nations Unies], Shell n’ait toujours pas nettoyé les fuites de pétrole chez les Ogale ou les Bille. La patience de nos clients est à bout et on va forcer Shell à réagir. »

L’avocat a ajouté que la compagnie pétrolière allait devoir lâcher beaucoup. « Quand on voit l’impact que cela a eu sur ces communautés, les revendications des milliers de personnes touchées par cette pollution pourraient atteindre des dizaines de millions de livres. »

Sources: Leigh Day, Amnesty International, The Guardian

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